4e congrès de la CSI : journée du mardi 4 décembre 2018

Temps de lecture : 5 min.
Publié le 5 déc. 2018
La journée a débuté sur le rapport de la commission du règlement, qui a révélé qu’un amendement aux statuts, présenté par l’AFL-CIO (USA), avait été rejeté, la majorité de 66 % n’ayant pas été atteinte.
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Renforcer le pouvoir des travailleurs CSI

De nombreux débats ont fait suite, plusieurs organisations dont l’AFL-CIO souhaitant repasser au vote. La délégation CGT a considéré, comme beaucoup d’autres délégations, que remettre au vote serait une remise en cause de tous les votes des amendements. L’amendement en question proposait un élargissement de la direction élue, sans justification du rôle des membres supplémentaires.

Ensuite la séance plénière a repris autour des débats sur le 2e pilier du projet de déclaration : « La réglementation du pouvoir économique ». De nombreuses organisations ont pu s’exprimer sur la situation sociale dans leur pays, des luttes engagées sur les conditions de travail, les salaires, le droit de grève, la reconnaissance du syndicalisme. Plusieurs multinationales ont été citées pour leurs comportements antisociaux et antisyndicaux ainsi que par leur collusion avec les gouvernements : Samsung, Mac Donalds… Les débats démontrent avec force que nous sommes dans une nouvelle phase de la mondialisation, avec une volonté accrue de casser partout les droits de travailleurs.

Beaucoup de luttes gagnantes

Une multitude de luttes gagnantes font reculer les gouvernements et entreprises, comme en Nouvelle Zélande où les salariés des chaînes de fast-food ont réussi à faire supprimer les contrats de travail « zéro heure », ou comme en Corée, où ils ont réussi à imposer l’existence du syndicat dans l’entreprise et ont gagné l’embauche de 8 000 travailleurs de la sous-traitance et permis la reconnaissance de maladies professionnelles.

Cela conforte sur le besoin d’un syndicalisme international solidaire, offensif et déterminé, qui permet par des luttes communes et des solidarités à mettre en échec la cupidité des grandes multinationales.

Lors de la pause de midi, un débat en marge du congrès a été organisé sous l’impulsion de la CGT avec les syndicats CCOO, CFDT, ÖGB, CGIL, PGFTU, TUC, UGTT, ABVVV-FGTB et LO, portant sur : « La Palestine, solidarité syndicale et droit international ». 280 participants ont pu partager leurs expériences et proposer des perspectives d’initiatives communes. L’intervention du secrétaire général du PGFTU a permis aux participants de mesurer la situation, sa dégradation rapide et le besoin d’agir rapidement et avec force internationalement pour la reconnaissance de la Palestine, pour l’application du droit international et pour mettre fin à l’impunité du gouvernement israélien.

Palestine CSI congrès CGT

La journée s’est poursuivie avec les trois séances sous-plénières parallèles sur l’avenir du travail, la syndicalisation, les salaires et la protection sociale. Là aussi, notre délégation a pu mesurer le chemin qui reste à parcourir dans beaucoup de pays pour gagner des droits nouveaux, changer les règles et renforcer le pouvoir des travailleurs.

Des pratiques et traditions différentes

Dans la sous-plénière sur la syndicalisation pour et par la négociation collective, les délégués ont pu mesurer à quel point les pratiques et traditions dans les pays du monde sont différentes. Souvent, la première difficulté réside dans les modalités de reconnaissance du syndicat dans l’entreprise. De nombreux pays exigent, pour enregistrer un syndicat, la preuve de 50 voire 60 % des travailleurs organisés dans un syndicat. La tendance à la baisse du taux de syndicalisation ne facilite pas la tâche.

Vis-à-vis de l’entreprise, les législations exigent souvent que le syndicat soit représenté, voire représentatif dans l’entreprise concernée. La deuxième phase consiste bien entendu en la création du rapport de force, et là aussi, les pratiques et stratégies divergent fortement de pays en pays. Certains privilégient la discussion et le compromis, là où d’autres traditions passent par la démonstration de la force d’abord (grève et journées d’action). L’objectif est partout le même, gagner des droits pour les travailleurs, et le moyen d’y arriver également : renforcer la syndicalisation.

Frederic Imbrecht CGT CSI congrès

Pour y parvenir, des exemples de pratiques gagnantes sont débattues en réunion : cibler un groupe de travailleurs spécifique (les jeunes, les femmes, etc.) ou de préparer le terrain à travers des actions de formation syndicale (en formant des formateurs d’abord).

Le travail dans la numérisation

La troisième sous-plénière porte sur l’avenir du travail dans le contexte de la numérisation. La thèse débattue propose : Les ruptures technologiques n’engendrent pas à proprement dit des pertes d’emploi, car en rapport, des nouveaux emplois émergent et se créent, mais à majorité précaire. En revanche, le travail, lui, s’en trouve profondément transformé, à travers une dégradation des conditions de son exercice. En particulier, le lien de subordination à l’employeur est de plus en plus « gommé », quand il ne disparaît pas complètement (c’est le cas des plateformes du type Uber). Les gouvernements, obéissants aux Gafam et autres, laissent faire, et se désengagent des droits sociaux des travailleurs. Les jeunes sont très concernés par ces transformations. Ils sont 77% dans le travail informel. Le défi est de les organiser, de créer du collectif où la logique du travail est totalement individuelle, et de donner aux travailleurs un accès à la syndicalisation dans ce contexte.

Il faut ainsi une stratégie globale, justice fiscale, formation tout au long de la vie (pour la CGT, nous pourrions rajouter le NSTS), portée par la CSI et l’OIT pour une transformation qui soit au service des travailleurs, et dans l’intérêt des populations, pour le progrès social.

Les sous-plénières seront suspendues demain, mercredi. Par contre, les élections de la future secrétaire générale de la CSI auront lieu, pour départager les deux candidates, Sharan Burrow, sortante et Susanna Camusso, actuelle secrétaire générale de la CGIL. En même temps, les négociations sur les amendements que la CGT a soumis avec de nombreuses autres organisations continuent à être discutés. Les résultats dans le bulletin de demain…

 

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