Thème 1 : Pour un syndicalisme de rupture et de transformation sociale dans un monde du travail en perpétuelle évolution
Le travail a connu des mutations profondes et la révolution numérique les a accélérées. La relation au travail a été profondément modifiée entraînant souvent isolement et précarisation. Le contrat de travail a subi aussi les conséquences du capitalisme.
Alors qu’en 1982 les CDl représentaient 92 %, ils n’en représentent plus aujourd’hui que 73 %, remplacés par des indépendants, des CDD, l’intérim et l’alternance. Plus de 85 % des embauches se font en CDD et leur durée a considérablement baissé. La crise sanitaire et économique rappelle la dure réalité des contrats dits atypiques qui servent les premiers de variable d’ajustement. Les jeunes sont les premières victimes de cette augmentation de la précarité, puisque seuls 42 % des salariés de moins de 25 ans sont en CDI et ce sans compter le chômage qui les touche également davantage.
L’évolution du travail c’est aussi le développement de la sous-traitance en cascade et l’externalisation du travail avec comme conséquences la dilution de la chaîne de responsabilité des employeurs et les richesses créés par le travail qui bénéficient quasi exclusivement aux actionnaires. Il est urgent d’inverser cette tendance pour que les travailleurs reprennent le fruit de leur travail. Cette recherche effrénée du profit n’est soutenable ni sur le plan social, ni sur le plan environnemental.
Ces évolutions nous les avons déjà constatées lors de nos derniers congrès, mais elles s’accélèrent. Pour être la CGT de tous les travailleurs nous ne pouvons plus rester essentiellement centrés sur le périmètre de l’entreprise mais nous devons renforcer les liens avec les syndicats des sous-traitants et avec les travailleurs des TPE et PME dont les conditions de travail sont plus difficiles avec des droits moindres. Renforcer également l’action des élus CGT dans les multinationales à tous les niveaux : national, européen et international.
Être la CGT de toutes et tous, c’est être une organisation en capacité d’agir tout à la fois dans des mobilisations de masse au niveau interprofessionnel, tout en travaillant dans la proximité des travailleurs, des privés d’emploi et des retraités, portés par les préoccupations du quotidien qui sont les conséquences d’une politique libérale au service d’un système capitaliste qu’il nous faut combattre.
Nous sommes porteurs de propositions de rupture avec ces politiques qui doivent trouver leurs suites dans la construction des revendications avec les travailleurs en s’appuyant sur leurs réalités :
- Prendre en compte la dimension environnementale dans chaque secteur, en favorisant des modes de production respectueux de la planète en conjuguant les besoins sociaux fondamentaux des travailleurs et des populations.
- Continuer la bataille pour l’augmentation du salaire brut au cœur de l’affrontement de la répartition des richesses, concrétiser l’égalité salariale et professionnelle entre les femmes et les hommes et porter plus fort la nécessité de remettre en place l’échelle mobile des salaires.
- Revaloriser les métiers essentiels, sécuriser les parcours professionnels en valorisant la formation professionnelle tout au long de la carrière et de la vie à travers un service public national et donner corps au nouveau statut du travail salarié.
- Gagner la réduction du temps de travail en passant par la mise en place des 32 heures et en gagnant un départ à la retraite à 60 ans à taux plein et à 55 ans pour les métiers pénibles.
- Sortir des marchés les domaines qui répondent aux besoins fondamentaux pour vivre : eau, énergie, logement, santé et médicaments, transports. En renforçant également les services publics et assurer un égal accès à tous sur le territoire.
Il faut aussi agir concrètement pour la réindustrialisation en développant les coopérations nécessaires entre organisations professionnelles et territoriales pour porter des projets de relocalisation et/ou d’évolution de production pour répondre aux besoins des populations et au respect de l’environnement. Contrôler les aides publiques et les conditionner à des critères sociaux de haut niveau.
Notre organisation doit se transformer pour anticiper les mutations du travail qui s’opèrent et pour obtenir de nouvelles conquêtes sociales. C’est à partir de cette réalité que notre syndicalisme est appelé à s’interroger sur sa capacité à agir et construire collectivement des alternatives et les imposer par l’élévation du rapport de force.