un choix stratégique pour l’avenir industriel de la filière française

Publié le 11 juin. 2018
Temps de lecture : 3 min.
Des choix importants et qui peuvent être structurants pour l’avenir de la filière nucléaire française sont en cours d’élaboration et font l’objet de supputations par voie de presse. La CGT tient à réaffirmer les options qu’elle défend en la matière.
La réduction des émissions de CO2 dans la production et la consommation d’énergie justifient le recours au nucléaire.
Malgré les mesures nécessaires pour économiser l’énergie, renforcer l’efficacité énergétique, diversifier les sources d’énergie, la construction de nouvelles centrales en France s’impose. En effet, le temps de construction des centrales, la nécessité de renouvellement du parc et les nouveaux besoins portés par des technologies comme le véhicule électrique impliquent dès aujourd’hui de prendre la décision de construire des réacteurs de nouvelle génération. La France, est parmi les quatre pays au monde qui peuvent revendiquer la maîtrise de la technologie. Ses équipes et son savoir faire doivent permettre de participer à la relance du nucléaire dans le monde ainsi qu’aux constructions dont nous avons besoin sur le territoire français.

Les choix portant sur l’entreprise qui construira les prochains réacteurs ne sont pas neutres du point de l’efficacité de la filière industrielle nucléaire française, de la sûreté et de l’acceptabilité de cette technologie. Pour la CGT les choses sont claires : le développement du nucléaire doit, demeurer sous contrôle public. Le nucléaire civil ne peut pas être l’enjeu de batailles financières et son développement être guidé par des intérêts privés.

La construction d’une centrale nucléaire met en œuvre une technologie très complexe. Elle nécessite de rassembler les compétences de plusieurs milliers d’ingénieurs. Ceux-ci ne sont pas aujourd’hui en nombre suffisant du fait de l’interruption du programme de construction de centrales. Seul EDF, le CEA et AREVA en possèdent en France. Va-t-on engager une concurrence destructrice en introduisant un nouvel acteur majeur comme GDF SUEZ ? Multiplier les constructeurs aurait donc fatalement l’effet de disperser les compétences et d’affaiblir la filière.

De surcroît, il paraît évident que deux constructeurs concurrents sur le territoire français ne feraient pas bénéficier les usagers d’un effet d’échelle. On voit mal EDF et GDF-SUEZ coopérer !
Il est fort à parier d’ailleurs que deux constructeurs différents divergeraient dans les solutions techniques et que les coûts d’exploitation seraient majorés. Ce sont encore les usagers qui en feraient les frais.

Enfin, l’organisation du secteur nucléaire français impose, par l’arrêté de 1984, que l’exploitant soit responsable de la sûreté. La pérennité d’EDF, exploitant des centrales et entreprise nationalisée, par rapport à ses fournisseurs renforçait la sûreté. Aujourd’hui encore, l’Etat, qui possède 85% d’EDF peut avoir des exigences envers l’entreprise responsable de la sûreté.
La fourniture d’une électricité de bonne qualité à un coût bas est un élément important du point de vue industriel et encore plus dans la période de crise que nous traversons.
La France n’a pas les moyens de se payer deux concurrents dans la filière nucléaire, cela conduirait à du gaspillage, à un affaiblissement de la filière et à une augmentation des coûts.
Même si la complexité des technologies et les questions de sûreté ne sont pas du même ordre, le raisonnement vaut pour le gaz et les investissements indispensables dans le secteur.

La CGT, loin de tout nationalisme d’entreprise mais en s’appuyant sur l’intérêt général revendique que la construction des futurs EPR soit faite en France par l’entreprise publique EDF. Elle revendique la création d’un GIE rassemblant AREVA et EDF afin de conforter la filière française à tous les niveaux.

Montreuil, le 23 janvier 2009