SAUVETAGE EN MER Honte aux États membres de l’UE

Publié le 8 avr. 2019
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Honte aux États membres de l’Union européenne qui ont décidé de retirer leurs navires militaires engagés en Méditerranée alors que ces bateaux ont permis de sauver plus de 40 000 migrants.

L’UE a décidé, le 27 mars, de suspendre la surveillance et le secours par les patrouilles navales au large de la Libye. En même temps, on interdit aux capitaines de marine marchande de débarquer dans les ports européens les naufragés secourus, en imposant leur retour en Libye.
De plus, depuis l’été 2018, tout est mis en œuvre pour que les ONG de secours en mer soient retenues à quai sous des prétextes iniques de trafic de migrants. Une rhétorique sans fondement, démentie par de nombreux rapports internationaux et nationaux comme par l’inexistence de toute condamnation pénale, en dépit des mises en accusation abusives. Une rhétorique dont l’extrême droite n’a hélas plus le monopole, puisque le ministre français de l’Intérieur vient de la reprendre avec fracas.
La France ne respecte pas l’obligation de coopération prévue par les conventions maritimes internationales. Pour justifier son inertie, le gouvernement français pratique la mauvaise foi et va même jusqu’à inventer des règles internationales, comme celle du soi-disant « débarquement dans le port sûr le plus proche ».
On voit bien que la mystification juridique française a pour but de rejeter la responsabilité sur les États en première proximité. Pourtant, le droit est clair : « Les Parties doivent assurer la coordination et la coopération nécessaires pour que les capitaines de navires qui prêtent assistance en embarquant des personnes en détresse en mer soient dégagés de leurs obligations et s’écartent le moins possible de la route prévue (…). Les Parties intéressées doivent prendre les dispositions nécessaires pour que ce débarquement ait lieu dans les meilleurs délais raisonnablement possibles. » Il n’est  fait donc aucune mention du « port sûr le plus proche ».
À la veille des élections européennes, les gouvernements sacrifient l’obligation séculaire du secours en mer et le principe du non-refoulement pour se soustraire au devoir de combattre les discours fascistes qui accusent une conspiration favorisant l’immigration.
La CGT dénonce cette politique assassine. Elle conduit à laisser sciemment périr en mer hommes, femmes et enfants, puisque les navires nationaux de Frontex comme les navires des ONG sont interdits de patrouiller dans les zones à risque. Elle fait peser sur les capitaines de marine marchande la lourde responsabilité d’assurer le sauvetage de masse, sans aucune garantie que les États leur fourniront promptement un lieu sûr de débarquement. Capitaines qui se retrouvent ainsi exposés au risque de ne pas pouvoir subvenir aux besoins les plus élémentaires des personnes secourues comme de l’équipage. Au mépris du principe de non-refoulement, elle oblige ces capitaines à débarquer en Libye les naufragés secourus, alors même qu’ils y risquent la torture, l’esclavage, des viols systématiques, l’enfermement, la mort.    
La CGT dit non à cette politique lâche et assassine, un autre choix est possible. Un choix qui respecte les obligations internationales des États européens et les droits Humains fondamentaux.

Montreuil, le 8 janvier 2019