Projet de loi pour contrôler l’immigration et améliorer l’intégration : le Sénat durcit le texte
À preuve, le spectacle affligeant offert par la Droite et le « centre » sénatorial où l’hypocrisie politicienne l’a disputé à l’indécence manœuvrière pour aboutir à l’élimination des articles 3 et 4, au profit d’un article 4 bis encore plus restrictif que le projet initial déjà caractérisé par ses insuffisances.
Là où Darmanin prétendait marcher sur deux jambes, avec une phrase bien simpliste « bon avec les bons, méchants avec les méchants », les sénateurs LR et UDI ont accouché d’une version dédiée aux fantasmes récurrents de l’appel d’air et du tout répressif.
C’est ainsi que le projet de titre de séjour « métiers en tension », déjà très en deçà de la nécessaire régularisation des travailleurs sans papiers, a été rageusement écarté par le bloc réactionnaire de la chambre haute.
Outre la suppression de l’AME et l’attaque inqualifiable portée au droit du sol, fondement du pacte républicain, les mêmes sénateurs ont clamé leur volonté de durcir la circulaire Valls et de faire prévaloir le pouvoir discrétionnaire des préfets, au détriment du principe d’égalité de traitement des situations réelles vécues par les travailleurs migrants.
Étrangement, pourtant, l’article 4 bis a été jugé acceptable par un Exécutif, empêtré dans ses contradictions et sa faible marge de manœuvre politique.
Pour autant, la messe n’est pas dite avec le retour du texte à l’Assemblée nationale où l’on est en droit d’attendre un débat plus digne !
Raison de plus, pour la CGT, de persévérer dans son soutien au mouvement de grève exemplaire de près de 650 travailleurs sans papiers aux fins de ramener la question du travail au centre de la discussion, à l’opposé des effets de surenchère politicienne et de cette obscène foire aux fantasmes.
Forte de l’expérience des luttes conduites aux côtés de ces travailleurs et travailleuses, la CGT s’emploiera, ainsi, à créer les conditions d’un débat sérieux sur les modalités de régularisation de ces salariés victimes de la surexploitation et du « bon vouloir » des employeurs, y compris dans des secteurs placés aux avant-postes de la crise sanitaire.
Plutôt que de prétendre de manière bien inconséquente durcir la circulaire Valls, il s’agit de desserrer l’étau faisant des employeurs les seuls garants de la régularisation, via la délivrance des Cerfas, et du renouvellement des titres de séjour.
Soucieuse de l’unité de notre camp social, la CGT entend, ainsi, contribuer à obtenir des garanties protectrices individuelles et collectives à la mesure des enjeux vécus quotidiennement et douloureusement par les travailleurs migrants.
Montreuil, le 15 novembre 2023