Plus que jamais, Valdunes doit et peut vivre
Suite au désengagement de l’actionnaire chinois, le combat pour la sauvegarde et le développement de Valdunes, dernier fabricant français de roues et essieux ferroviaires, est engagé, depuis le mois de mai, par le lancement de la mobilisation des salariés avec leur syndicat CGT.
Attendu depuis longtemps par les acteurs en charge du suivi du dossier, le passage en redressement judiciaire, acté lundi 20 novembre 2023, au tribunal de commerce de Lille, est une étape rendue nécessaire par l’incurie de l’actionnaire. Elle permet de sécuriser la suite des opérations.
Elle n’est pas de nature à modifier l’objectif d’intérêt général que la CGT ne cesse de rappeler : Valdunes est un outil industriel indispensable à la transition environnementale et doit donc être sauvé. Le tribunal de commerce estime d’ailleurs clairement qu'un « plan de redressement est envisageable. »
Le rapport d’expertise, commandité par le ministère, sur les perspectives d’activité de l’entreprise démontre sa viabilité et sa capacité à dégager des marges, à la condition que des investissements conséquents soient réalisés et que l’entreprise soit reprise par un acteur sérieux inscrivant son action dans la durée. Ces travaux démontrent qu’un avenir est possible dans une solution globale incluant les deux sites de Leffrinckoucke (forge) et Trith-Saint-Léger (usinage), composantes inséparables de ce maillon essentiel de la filière ferroviaire nationale.
Cette vision correspond à celle développée dans les travaux du Comité de filière stratégique Mines et Métallurgie et dans ceux du Conseil National de l’Industrie (cf. Plan sidérurgie France, janvier 2022), qui mettent l’accent sur l’économie circulaire, les circuits courts, la nécessaire réduction de la dépendance étrangère en consommables, le développement d’une logique d’intégration vers l’aval, la réindustrialisation et la souveraineté industrielle. Valdunes est d’ailleurs cité par le comité stratégique de filière comme un des sites à enjeu sur ces questions.
Pour sauvegarder et développer Valdunes, un projet rassemblant les différents acteurs de la filière ferroviaire française (dont ALSTOM et la SNCF), la puissance publique (Première ministre, ministère de l’Industrie et Conseil Régional des Hauts-de-France) et les autorités organisatrices des transports, constitue une piste solide, alliant perspectives de long terme et approvisionnements stratégiques.
La procédure de recherche de repreneurs va être relancée sur le fondement du rapport d’expertise ainsi que des engagements des acteurs publics et des acteurs privés de la filière.
Dans la mesure où la construction d’une solution globale et pérenne nécessite du temps, la CGT insiste sur la possibilité d’envisager, si nécessaire, le recours transitoire à une nationalisation, pour permettre à une telle solution de voir le jour.
Compte-tenu du caractère stratégique de Valdunes, il s’agit en effet d’une question autant politique qu’économique.
Montreuil, 27 novembre 2023