Les combats de Pierre Audin continueront à vivre
Maurice Audin soutenait et participait avec détermination au combat politique anticolonialiste pour l’indépendance de l’Algérie. Il fut enlevé le 11 juin 1957 à Alger, torturé et assassiné par des militaires français qui étaient sous les ordres du général Massu et de son officier Paul Aussaresses.
Le sort tragique de Maurice Audin, que de nombreux autres algériens et algériennes ont subi, était devenu le symbole de la lutte contre les tortures, les crimes et les exactions perpétrées au nom du « maintien de l’ordre » et de la « pacification » de ce que l’on qualifiait à l’époque « d’événements d’Algérie ». Après un long combat, c’est en septembre 2018, qu’un président de la République mettait fin à soixante et un an de mensonge d’État. L’Elysée reconnaissait que Maurice Audin avait été torturé et assassiné par l’armée française et que ce crime particulier n’était pas une bavure mais bien le produit d’un système délibérément mis en place par la République française elle-même.
Pierre Audin a continué à lutter pour que le voile se lève sur de nombreuses autres questions : les circonstances exactes de la disparition de son père ? Les lieux où se trouvent les corps de tous les martyrs·es de l’indépendance de l’Algérie, Maurice Audin, ainsi que tous les combattants·es et civils victimes de disparitions forcées ?
Pierre Audin réclamait aussi sans relâche l’accès à la totalité des archives afin que les historiens·nes puissent étudier et écrire sans entrave cette part sombre de l’histoire de notre pays.
L’histoire du mouvement ouvrier, de la CGT, s’inscrit dans le combat anticolonial. Une lutte pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes que certains·es camarades ont payé de leur vie, comme lors du massacre du métro Charonne, le 8 février 1962.
Les combats de Pierre Audin continueront à vivre et la CGT y apportera toute sa contribution, singulièrement en ces temps de régression politico-mémorielle sous la pression des forces d’extrême droite : pour la reconnaissance de tous les crimes coloniaux de l’État français, le renforcement des liens d’amitié et de coopération entre les peuples.
Un pas décisif a été franchi en 2018 avec la reconnaissance officielle de la responsabilité de l'État français dans l'assassinat de Maurice Audin. Ce travail de vérité doit se poursuivre. C'est la seule façon de tramer, entre la France et l'Algérie, une mémoire commune et apaisée.
Montreuil, le 1er juin 2023