France Travail : les travailleur∙ses handicapé∙es aussi touché∙es !

Publié le 15 juin. 2023
Temps de lecture : 3 min.
Le futur projet de loi « Plein Emploi » acte le bouleversement du service public de l’emploi. Parmi les changements, ceux concernant les travailleurs et travailleuses reconnues comme handicapé∙es peuvent être noyés dans l’immense machine que représente France Travail.

Ces changements sont pourtant partie intégrante de la stratégie France Travail : la mise au pas d’un grand ensemble de travailleur∙ses, au profit des entreprises et des employeurs. France Travail entérine un certain nombre de changements pour les travailleur∙ses handicapé∙es.
Dans le but d’engorger le marché du travail avec une main d’œuvre précaire et corvéable et de faire baisser artificiellement le taux de chômage, la notion de travailleur∙se handicapé∙e va être massivement mobilisée. Au lieu d’être accompagnée vers l’emploi dans un soucis d’adaptation nécessaire au handicap, toute une main d’œuvre va donc être repérée automatiquement par France Travail. Un repérage facilité avec l’élargissement de cette notion et l’automaticité de la reconnaissance administrative du handicap, reconnaissance transmise à l’opérateur France Travail. Pour quel but ? Celui d’orienter en masse dans des entreprises qui exploitent les travailleur∙ses handicapé∙es, sous couvert de missions médico-sociales et sous patronage de l’État.
En effet, bien que les travailleur∙ses handicapé∙es d’Esat occupent un poste, ils∙elles ne sont pas pour autant considéré∙es comme des salarié∙es. Les entreprises employant les travailleur∙ses handicapé∙es dans le milieu dit « protégé » sont reconnues comme des établissements médico-sociaux, alors même que ces derniers réalisent des chiffres d’affaires importants, emploient de nombreux∙ses travailleur∙ses handicapé∙es et peuvent finir par ressembler à de véritables industries.
Cette extension large de la notion de travailleur∙se handicapé∙e, prévue par la proposition de loi, est aussi une aubaine pour les employeurs du privé. Pour rappel, toutes les entreprises de plus de 20 salariés doivent embaucher 6% de travailleur∙ses handicapé∙es dans leurs effectifs, sous peine de payer une contribution financière. L’arrivée massive de nouveaux travailleur∙ses reconnu∙es automatiquement comme handicapé∙es permettra aux employeurs d’avoir un choix plus large de recrutement par une main d’œuvre plus élargie et, finalement, d’échapper aux sanctions financières.
Pour la CGT, le travail doit s’adapter aux travailleurs et travailleuses handicapées
Dans ce sens, pour la CGT : le handicap est un combat syndical :

  • le∙a travailleur∙se handicapé∙e doit être l'égal∙e de tous les travailleur∙ses. La perte d'autonomie ne doit plus être un élément discriminant dans l'entreprise ;
  • ce n'est pas à l'humain de s'adapter au travail. Cela passe par un renforcement des aménagements des postes, une médecine du travail pouvant remplir ses fonctions, l'interdiction des licenciements pour inaptitudes, des lieux de travail réellement accessibles, un droit à la retraite anticipée, etc.
  • le travail ne doit pas être source de handicap : il est nécessaire de développer des politiques de prévention en santé au travail et de reconnaissance de la pénibilité.

À l’orientation forcée et au tri des travailleur∙ses, la CGT répond par la reconnaissance, l’adaptation et l’accompagnement de chacun, selon ses besoins et, à chacun, selon les moyens.

Montreuil, le 15 juin 2023