Drôle de conception de la démocratie

Publié le 28 jan. 2020
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Le gouvernement se targue et crie à tue-tête son profond respect de la démocratie, du dialogue, de la concertation, notamment quant à son projet de réforme des retraites, mais dans leurs pratiques la réalité en est bien loin.

Cela fait près de deux ans maintenant que le projet est en cours. Des dizaines de concertations ont eu lieu dixit le gouvernement, certes, mais des concertations en bilatérales, entre trente minutes  et une heure pour chaque réunion, sans aucun document ou support de travail. Réunion où chaque organisation syndicale faisait part de ses propositions sans pour autant que celles-ci ne soient prises en compte ni même étudiées, le gouvernement restant inflexible sur ses positions. Un nombre impressionnant de réunions donc, mais pas difficile de faire du chiffre en réunissant les organisations une à une, y compris certaines non représentative. 

À aucun moment n’a été organisée une véritable réunion de négociation en multilatérale, avec toutes les parties autour de la table, où chacun fait part de ses arguments, propositions, et où, à partir du débat et des échanges, un projet se construit, un juste compromis aurait pu émerger – si tant est que ce soit possible avec ce gouvernement qui fuit en réalité le débat démocratique et contradictoire.

Démocratie disent-ils… Présenter et soumettre au vote des députés un projet de loi partiel, qui sera ensuite complété par 29 ordonnances, est-ce bien ça la démocratie ? Un tel vote des députés serait tout simplement la signature d’un chèque en blanc au gouvernement. N’est-ce pas prendre les députés pour des naïfs, des ignorants soumis aux ordres ? 

Démocratie ? Être invité à une audition de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, présidée par LaREM, audition sur la réforme des retraites, où d’emblée, il est précisé que les organisations syndicales n’auront que 10 minutes de parole pour un sujet dont on discute depuis près de deux ans…

Il en fut de même avec la loi Travail de la ministre Pénicaud, un projet de loi voté à l’assemblée qui fut ensuite complété et finalisé par 6 ordonnances et par environ 90 décrets. Sur la réforme des retraites, le gouvernement recommence, fort de sa majorité à l’Assemblée, qui obéi au doigt et à l’œil sans se poser de question sur leur utilité en tant que députés, censés normalement créer les lois de la République et non celles d’un parti politique.

Nous pouvons ajouter la réforme Blanquer de l’Éducation, le projet de loi Hercule pour l’Énergie, la loi Travail, etc. Autant d’occasion où il a déjà montré sa tendance autoritaire : « Soyez d’accord avec moi, sinon, c’est pareil ! »

Démocratie, alors que ce gouvernement reste sourd aux multiples institutions qui se positionnent contre ce projet pour des raisons multiples et diverses, le Conseil d’État lui-même émet des réserves sur les lacunes du projet. Se dire démocratique et faire fi de la mobilisation depuis le 5 décembre, mouvement soutenu par 61 % de la population, 71 % de celle-ci demandant le retrait et refusant ce projet néfaste de réforme des retraites ?

Oui, drôle de conception de la démocratie qu’a ce gouvernement, plus prompt à la répression des manifestants ou opposants que prêt au débat contradictoire.

 

Montreuil le 28 janvier 2020.

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