Fiche 71 - Artificialisation des sols, jusqu'à quand ?

Temps de lecture : 2 min.
Publié le 1 Aoû. 2025
En 40 ans, la France a quasiment doublé sa surface des sols artificialisés
En 40 ans, la France a quasiment doublé sa surface des sols artificialisés
Source: Agreste – Enquêtes Teruti (1982-2003), Teruti-Lucas (2006-2005) et nouvelle méthodologie Teruti depuis 2017 (cycles triennaux) – données raccordées sur la moyenne 2017-2021, complétées avec les résultats de l'enquête 2023 publiés en 2025.

Une artificialisation massive et irréversible

En quarante ans, plus de 2millions d’hectares ont été artificialisés en France, grignotant terres agricoles, forêts et zones humides, pour des routes, des parkings, des zones d’activité souvent sous-utilisées. À titre d’illustration, cela représente 4 fois la superficie de l'Île-de-France – plus que l’immense région Bourgogne-Franche-Comté. 

Cette progression massive — plus de 9,1% du territoire aujourd’hui — a de lourdes conséquences: imperméabilisation des sols, aggravation des inondations, effondrement de la biodiversité, perte de terres nourricières. Continuer à bétonner sans limite, au nom de l’emploi, revient à déplacer les problèmes: plus de risques climatiques, moins de résilience des territoires, plus de conflits d’usage. D’autant que même en cas de « renaturation », les sols ne retrouvent que partiellement et très lentement leur état initial.

La FAO (Organisation pour l'alimentation et l'agriculture, agence spécialisée des Nations unies qui mène les efforts internationaux vers l'élimination de la faim) estime qu’il faut plusieurs centaines à milliers d’années pour reconstituer un sol naturel fonctionnel. En cela, l’artificialisation constitue l’une des pressions les plus graves sur les écosystèmes, car les effets sont cumulatifs et quasi définitifs.

Le ZAN: une exigence pour une réindustrialisation durable

Face à l’urgence climatique, la loi Climat et Résilience de 2021 avait fixé un cap clair : atteindre le zéro artificialisation nette des sols (ZAN) d’ici 2050, avec une division par deux de la consommation d’espaces naturels d’ici 2031.

Entre 2021 et 2023, la consommation moyenne reste estimée à plus de 20000 hectares par an. Si cette dynamique se maintient, plus de 200000 hectares pourraient être artificialisés d’ici 2031 — soit un dépassement de 60 à 70 % de l’objectif légal, qui fixe une limite de 125000 hectares sur la décennie, conformément à la loi Climat et Résilience.

Dans un contexte où il est devenu presque banal de remettre en cause les objectifs environnementaux ou de les reléguer au second plan, au nom de l’attractivité ou de la réindustrialisation, la trajectoire ZAN apparaît de plus en plus fragilisée. Pourtant, cet objectif n’est pas un frein au développement industriel : il en est une condition. Une réindustrialisation durable suppose de reconvertir les friches, de densifier les zones existantes, de limiter l’étalement urbain et de planifier de manière démocratique l’usage du sol.

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Chapitre I – Éléments macroéconomiques
Chapitre II – Salaires, inflation et inégalités
Chapitre III – Sécurité sociale et santé
Chapitre IV – Travail et emploi
Chapitre V – Environnement

 

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