En grève depuis le 23 août !

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Publié le 11 juin. 2018
Plus de cinq mois que les cinq salariés du McDonald's de Villefranche-de-Rouergue sont en grève pour défendre leurs droits et améliorer leurs conditions de vie et de travail.

À l'heure ou le président de la République invite les grands patrons à Versailles, eux réclament 13 euros brut de l'heure en compensation du temps partiel imposé, un 13e mois, des chèques vacances, des tickets restaurant et le respect d'un dialogue social qui fait cruellement défaut sur leur lieu de travail...

L'histoire commence il y a près de deux ans, quand, grande première dans ce restaurant, plusieurs salariés organisent une élection de délégués du personnel pour pouvoir porter leurs revendications. La gérante tente bien de faire invalider la désignation d'un délégué syndical devant le tribunal, mais peine perdue : Quentin Leyrat est désigné délégué syndical CGT du McDonald's Villefranche-de-Rouergue.

Suivront des tensions de plus en plus fortes entre le représentant syndical et la gérante, notamment lors de l'enquête pour insulte homophobe à l'égard d'un salarié, que la gérante a souhaité effectuer elle-même plutôt que de la confier à un intervenant extérieur garant de neutralité.

En juin 2017, un manager et un sous directeur du restaurant sont élus représentants CFDT. En août, sept salariés, sur les trente trois que compte le restaurant, rejoignent la CGT.

C'est le licenciement d'un jeune salarié en CDI arrivé six mois plus tôt qui met le feu aux poudres : accusé d'absence à sa visite médicale, il avait été en retard à deux reprises et aurait insulté la gérante auprès d'un de ses collègue. En solidarité, les sept syndiqués se mettent en grève.

La gérante exigeant un retour au travail immédiat, seule condition à ses yeux pour ouvrir un début de négociation, la situation s'enlise immanquablement.

Fin septembre, après rassemblements, manifestations et mise en place d'une caisse de solidarité, les grévistes sont enfin reçus par le sous-préfet, mais la gérante reste sur sa position de blocage.

Fin octobre, suite à une manifestation devant l'inspection du travail de Rodez, un rendez-vous de conciliation est organisé. Il n'y sera finalement débattu que de conditions de travail, les autres revendications étant renvoyées aux négociations annuelles obligatoires 2018 (NAO) avancées fin novembre.

La CGT décide alors d'une action de blocage du centre d’approvisionnement, à Toulouse (lire notre article)  . La gérante, confrontée à la grogne des autres franchisés McDonald’s de la région, annule les négociations avant de les reprendre, sur demande du préfet, début décembre.

Elle s'y présentera assistée d'un « directeur des ressources humaine » fraichement arrivé, et ayant des connexions avec l'extrême droite.

Depuis, la situation n'a pas évolué et les arguments avancés pour ne pas donner suite aux revendications des grévistes surfent entre la fantaisie grotesque et la mauvaise foi grossière.

Les grévistes du McDonald's ne lâchent rien et ont défilé aux cotés de leurs camarades lors de la mobilisation des Ehpad cette semaine.

Ils ont mis en place une caisse de solidarité et sont visibles sur Facebook,   Twitter   et sur un site internet   qui recense leurs actions.

Comme l'a déclaré Quentin Leyrat : « On s’est gamellés plein de fois depuis le début, mais à chaque fois on s’est relevés. C’est notre esprit de geek : on est tous jeunes et on joue beaucoup aux jeux vidéo, où rien n’est impossible. Il suffit de s’acharner pour passer un niveau de difficulté : c’est la méthode du “try hard” en langage geek. Si on doit essayer mille fois, on le fera mille fois, mais on sait qu’on va gagner. C’est avec ça qu’on ne s’est pas laissé faire, et qu’on a voulu changer les choses. »

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