Mohammed Oussedik : « les 32 heures répondent au besoin de temps libéré pour s'engager »

Temps de lecture : 4 min.
Publié le 12 avr. 2017
Il faut travailler pour vivre et non vivre pour travailler. » Jamais cette citation de l’écrivain-moraliste Bernard Willems-Diriken – dit Romain Guilleaumes – n’aura été aussi vraie que pour notre revendication d’une nouvelle réduction du temps de travail.
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Les 32 heures sont d’abord un projet de société visant à mieux redistribuer en temps (et en salaires) les richesses créées par les travailleurs… aux travailleurs.

Mieux profiter de ce temps libre, les salariés y aspirent à une très forte majorité ; ils y associent bien sûr le maintien de leurs niveaux de salaires et de rémunérations.

Avoir du temps libre pour quoi faire ? Pour profiter de la vie, de ses proches, les aider, pour se cultiver et pour s’engager.

Une enquête réalisée pour le compte de l’Assemblée nationale en 2015 ainsi que le rapport « libérer l’engagement des français et refonder le lien civique » démontrent cette soif d’engagement de la part des français.

Tous les domaines sont plébiscités : aide et soutien scolaire, actions de tutorat, engagement volontaire auprès des secours d’urgence à la population, œuvres humanitaires, engagement citoyen , développement de l’engagement des jeunes, et la liste est encore très longue…

Parmi les mesures proposées par le rapport :
- la création d’un droit à l’engagement associatif permettant à chacun quelle que soit sa situation professionnelle de donner de son temps à une association ;
- La mise en place d’un crédit temps engagement pour les salariés du secteur public et privé pour l’accomplissement de leur engagement au sein d’associations ;
- La prise en compte du temps d’engagement bénévole dans le calcul du crédit d’heures inscrit chaque année sur le compte personnel de formation ;
- la validation de trimestres de retraite au titre des responsabilités d’administration exercées dans une association d’utilité civique.

Le compte d’engagement citoyen (CEC) devrait en principe reprendre quelques-unes des propositions formulées dans ce rapport, mais il n’entrera en vigueur qu’en 2018 avec un contenu famélique.

Le CEC est inclus dans le compte personnel d’activité à côté du compte personnel de formation. Il est doté de 20 heures par an dans la limite de 60 heures maximum… Il est utilisable pour toutes les formations éligibles au CPF et pour suivre des actions de formations spécifiques aux bénévoles et volontaires en service civique… On est loin d’une utilisation libre et surtout de vrais moyens mis à dispositions des salariés pour s’engager et choisir leur engagement.

L’enquête de l’institut Harris le démontre aisément : dans les mesures jugées les plus efficaces pour permettre l’engagement citoyen et associatif, 74 % des français affirment qu’il faut permettre aux salariés d’aménager leur temps de travail afin de favoriser leur engagement associatif.

L’engagement des français dans le bénévolat ou dans les associations connaît une très forte croissance : nous étions 18 millions en 2010 et sommes aujourd’hui plus de 20 millions à déclarer nous engager dans une association ou faire du bénévolat. Toutes les tranches d’âge s’engagent (en 2016 22 % des 15/35 ans, 23 % des 36/64 ans et 35 % des 65 ans et plus) ainsi que tous les secteurs, allant du social caritatif, du sport, des loisirs et de la culture jusqu’à la protection de l’environnement, les associations de défense, la solidarité internationale, sans oublier les domaines de la santé, de la recherche médicale et de l’aide aux malades. La parité est presque respectée avec 49 % de femmes et 51 % d’hommes.

Mais cette enquête démontre aussi que les femmes et les hommes abandonnent l’engagement associatif et le bénévolat en premier lieu par manque de temps et à cause de changements de situations – souvent professionnelles. Les mêmes déclarent qu’elles et ils s’engageraient à nouveau si elles et ils disposaient de plus de temps.

D’autant plus que faire du bénévolat, s’engager, agir pour les autres, aider ses proches, se cultiver, c’est œuvrer pour l’intérêt général mais aussi participer à l’activité économique. Il est vrai que les gouvernements et le patronat ne souhaitent pas particulièrement valoriser cette partie de l’activité humaine... Pourtant des enquêtes très sérieuses ont permis d’établir que le bénévolat, l’engagement associatif génère 20 à 40 milliards d’euros par an soit 1à 2 points de PIB.

Ces évaluations ne prennent pas en compte l’incidence sur la santé des personnes ou la valorisation par ces actions de la personne humaine, et finalement seul un indice du bien être permettrait de quantifier les effets directs et indirects de ces engagements pour l’intérêt général.

Il faudrait pour cela des mesures qui touchent des millions de personnes et dans un court laps de temps : notre proposition de réduction du temps de travail à 32 heures hebdomadaires répond à ce besoin de temps libéré pour s’engager.

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