Malgré la crise sanitaire la casse de l'hôpital public continue

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Publié le 20 mai. 2020
Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé le contenu de son ”plan massif pour l’hôpital” (amélioration des rémunérations pour les salariés, réorganisation des soins, programme d’investissement), mais tout laisse à penser que le gouvernement continuera sa politique de casse de l’hôpital public, au bénéfice du privé.
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Situation ehpad coronavirus

Plan pour l'hôpital : le gouvernement ne change pas de cap

Tarification à l’acte, sous-financement des hôpitaux, plafonnement de l’objectif national des dépenses de l’assurance maladie (Ondam)... En quelques années, l’hôpital public a été mis à l’os. La crise sanitaire liée au Covid-19 a mis crûment en lumière l’ineptie des politiques de santé, menées depuis plus de vingt ans, et la fragilité de notre système de soins. Pourtant, le gouvernement ne change pas de cap.

Ce dernier vient d’annoncer un « plan massif pour l’hôpital », promettant une amélioration des rémunérations pour les salariés, un programme d'investissements, la réorganisation des soins et la revue du temps de travail.

Des promesses bien éloignées des revendications martelées depuis des mois par le personnel soignant : un Ondam à 5 %, l’arrêt de fermetures de lits, une augmentation générale des salaires à hauteur de 300 € pour tous les professionnels qui travaillent dans les établissements de santé et d’action sociale, et la fin de la logique comptable.

Malgré la crise sanitaire et un hôpital rendu exsangue par trente ans de politique gestionnaire, le gouvernement persiste et signe. En avril, le directeur de l'ARS Grand Est annonçait le maintien de la suppression de 598 emplois et 174 lits au CHRU de Nancy.

Pour éteindre l’incendie, le ministre de la Santé Olivier Véran et le Premier ministre Édouard Philippe ont seulement annoncé une « suspension » du plan, renvoyant à des concertations prévues après la crise sanitaire.

Des suppressions de lits, de postes et une privatisation toujours d'actualité

La CGT du CHRU de Nancy, qui a répondu à un appel à mobilisation national le 11 mai, demande l’annulation pure et simple des plans de suppressions de lits et de postes.

À Saint-Etienne, le CHU est lui aussi menacé de restructuration. Jeudi 14 mai, environ 300 soignants du CHU de Saint-Étienne se sont rassemblés pour dénoncer des réorganisations de services et des transferts de lit décidés en pleine crise sanitaire. « Ce passage en force est inadmissible au moment où la catastrophe sanitaire a démontré qu’il est impératif de revoir radicalement les politiques de rationnement budgétaire hospitalier et de fermetures de lits qui étaient jusqu’ici à l’œuvre et que cette restructuration tente de poursuivre, à contre-courant de l’histoire désormais », a déclaré dans un communiqué la CGT du CHU.

En Isère, la privatisation du groupe hospitalier mutualiste menace l’ensemble de l’offre de soin de l’agglomération grenobloise. Le GHMG, un groupe hospitalier privé à but non lucratif, risque en effet d’être cédé à un groupe privé à but lucratif. « On a proposé que la métropole de Grenoble rachète les murs et que le CHU récupère l’activité. Si le groupe Vivalto récupère le groupe mutualiste, c’est la mort de l’hôpital public à petit feu », déplore Damien Bagnis, secrétaire général CGT USD Santé 38.

De son côté, la direction du CHU de Grenoble avance masquée avec un projet « Recomposition de l’offre sanitaire sur le territoire de Grenoble et Voiron » intégrant la création de deux groupements de coopération sanitaire (GCS) de droit privé : de tarification publique pour Grenoble et privé pour Voiron.

Ces GCS, issus de la loi Hôpital, patients, santé, territoires (HPST) seraient pilotés (stratégie, budget, financement) par un conseil d’administration autour d’une gouvernance partagée (50-50) entre le CHU et le groupe de cliniques privés Vivalto Santé et autour d’un modèle fondé sur « un partenariat médical et capitalistique ». Une première en France...

Partout en France les personnels soignants se mobilisent... ils se fixent un rendez-vous toutes les semaines pour exprimer leurs revendications ("les mardis de la colère") dans la perspective de la construction d'un appel unitaire qui pourrait déboucher sur des manifestations pour le 16 juin prochain.

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