La vision rétrograde du Quai d'Orsay de la liberté de la presse
À quoi joue le Quai d’Orsay ? Dans une note adressée vendredi dernier aux rédactions, le ministère des Affaires étrangères enjoint les médias à « bien bouloir renoncer à tout projet éventuel » d’envoyer des équipes de reportages en Syrie, notamment dans la Ghouta orientale et le canton d’Afrin, théâtre d’une offensive de l’armée turque. Il est étonnant que l’exécutif se mette à dicter le comportement que les journalistes doivent adopter, les condamnant à l’autocensure et à une vision rétrograde d’une profession, destinée à se cantonner, au nom de la sécurité, aux sentiers bien balisés de la communication.
Le quai d’Orsay va jusqu’à inciter les rédactions à ne pas acquérir et diffuser des reportages de journalistes indépendants « s’ils ont été réalisés dans des conditions les exposants à des risques disproportionnés » et en leurs rappelant « la nécessité de respecter les conditions juridiques d’entrée sur le territoire et d’exercice du métier de journaliste des pays voisins de la Syrie ». Est-ce cela la vision de la liberté de la presse que le Quai d’Orsay promeut ? Les zones de guerres sont-elles condamnées à ne plus être couvertes au nom de la sécurité ?
Contre l’autocensure et la culpabilisation des confrères qui seraient tentés de faire leur travail, les syndicats SNJ, SNJ-CGT et CFDT-Journalistes appellent les rédactions françaises à prendre leurs responsabilités, comme elles l’ont toujours fait, pour informer au mieux les citoyens sur la situation complexe de ce conflit au long cours dans le nord-ouest syrien.