CAC 40 : creusement des inégalités entre dirigeants et salariés
Creusement des inégalités, explosion des dividendes, non partage des richesses...
Plus de 10 ans après la crise économique de 2008, voici le bilan d'un système économique qui privilégie le profit au détriment de la justice sociale et de l'écologie. La crise du coronavirus a mis crûment en lumière l'absurdité d'un tel système.
2020 devait être une nouvelle année record en termes de dividendes. « Le CAC 40 s’apprêtait à verser 60,2 milliards d’euros de dividendes et de rachats d’actions à ses actionnaires au titre de l’exercice 2019, un montant dépassant le précédent record de 2007, à la veille de la crise financière de 2008.2 Des versements censés récompenser le succès des fleurons du capitalisme français : un chiffre d’affaires en hausse de 25 % entre 2009 et 2018 et 31 % de valeur ajoutée supplémentaire sur la même période », rappelle l'Oxfam. La crise du coronavirus a douché ces velléités.
La mobilisation des syndicats et des associations a eu, en partie, raison de l'appétit gargantuesque des actionnaires : les dividendes et rachats d’actions versés en 2020 devraient au final être « seulement » compris entre 35 et 41 milliards d’euros.
Dans son rapport, l'ONG rappelle qu'en 2009 et 2018, les versements aux actionnaires du CAC 40 ont augmenté de 70 % et la rémunération des PDG du CAC 40 de 60 %, soit trois fois plus vite que le salaire moyen au sein de ces entreprises et cinq fois plus vite que le Smic.
Ce partage inégal des richesses produites par les travailleur.ses procède de choix stratégiques, lesquels sont motivés par les intérêt des actionnaires « fortement représentés au sein des instances de décision des entreprises ». « Les conseils d’administration sont principalement constitués d’expert.e.s en finance. Les salarié.e.s ne représentent en moyenne que 12 % des administra- teur.trice.s au sein des conseils d’administration du CAC 40, contre 33 % en moyenne dans les pays européens possédant une législation sur le sujet ». L'entreprise doit rendre des comptes à la société dans son ensemble.
Il est urgent de s'attaquer au pouvoir démesuré des actionnaires.
« En 2018, si la part des bénéfices allant aux actionnaires avait été encadrée à 30 %, l’argent généré aurait permis de couvrir 98 % des besoins en investissement dans la transition des entreprises du CAC 40 », rapporte l'Oxfam. L'ONG appelle à tirer des leçons de la crise économique de 2008 et propose une série de mesures pour garantir une meilleure distribution des richesses et financer la transition écologique.
Parmi les mesures détaillées dans le rapport, elle propose d'encadrer la part des bénéfices reverser aux actionnaires : « L’argent non versé devra être abondé dans un fond de l’entreprise servant à la transition sociale et écologique permettant d'investir à la hauteur des besoins dans la lutte contre le changement climatique et le financer des salaires décents dans l'entreprise et sa chaîne d'approvisionnement.
A titre d’exemple, un encadrement de 30 % aurait permis de générer en 2018 un montant équivalent à 98 % des besoins d’investissements dans la transition ». Pour réduire les inégalités, l'ONG invite par ailleurs à imposer un écart de salaire maximum de 1 à 20 entre la rémunération du PDG et le salaire médian de l'entreprise, contre 107 actuellement.
Le paiement d'un salaire décent « sur toute la chaine de valeur », permettant de couvrir les besoins en alimentation, l’accès à la santé, l’éducation, l’habillement, le transport, mais aussi d’épargner et d’avoir accès à des loisirs est une nécessité.
« Dans de trop nombreux pays, les salaires minimum légaux – quand ils existent – restent bien en deçà d’un niveau décent. C’est par exemple le cas du Cambodge où le salaire décent s’établit à 356 € alors que le salaire minimum est de 125 € », rapporte l'Oxfam.
En France, le salaire médian se situe à 1 735 euros et le Smic à 1520 euros. La CGT revendique une revalorisation du Smic à 1800 euros.