COP 26 : Une forte mobilisation et des perspectives à construire

Temps de lecture : 5 min.
Publié le 9 nov. 2021
Samedi 6 novembre, pour la journée de mobilisation mondiale, plus de 100.000 personnes étaient présentes dans les rues de Glasgow. Une manifestation aux visages multiples, peuples autochtones et communautés indigènes, activistes pour la justice climatique, mouvements féministes, antiracistes et pour l’égalité de genre, et un important cortège syndical, ont défilé à travers la ville.
Imagette
Evénement co organisé par la CGT - Cop 26

Deux jours plus tard se tenait l’évènement co-organisé par la CGT au Centre for Contemporary Arts, dans la droite ligne du Forum qui s’est tenu en juin dernier (l’appel final et les vidéos des différentes sessions sont disponibles ici).

Mobilisation à Glasgow

 

Le débat est introduit par Sebastian Franco, du réseau européen Alter Summit.

Il a commencé par un retour sur le processus de préparation du Forum et l’appel qui en a résulté. Sebastian ouvrira la séance en rappelant que « ces discussions sont nécessaires pour trouver des réponses communes aux contradictions produites par la crise climatique que doivent affronter les travailleur·se·s et les syndicats au quotidien […] l’enjeu est bien que les travailleur·se·s soient des acteur·rice·s moteur·rice·s dans la lutte contre le changement climatique ».

Patrick Rondeau, de la Fédération des Travailleurs du Québec, ouvre les débats.

Revenant sur le processus de construction d’un agenda syndical lié aux questions environnementales, il explique comment des caravanes syndicales ont été organisées dans tout l’État, allant à la rencontre des syndicats locaux mais aussi des communautés et des habitant·e·s, et les militant·e·s pour le climat.

Notre camarade Marie Buisson, membre de la Commission exécutive CGT et co-animatrice du collectif Environnement, prend ensuite la parole.

Revenant elle aussi sur l’urgence de la situation qui demande un mouvement rapide et profond modifiant nos modes de production, nos modes de consommation aussi, elle rappelle la profonde injustice qu’il y a à renvoyer chacun·e à un choix individuel qui consisterait à choisir entre garder son emploi et sauver la planète.

Elle explique ensuite : « À la CGT nous avons donc fait le choix d’aborder le sujet en repartant du travail, son sens et son impact. Concrètement cela signifie que, au-delà de la discussion, des analyses et réflexions avec nos partenaires syndicaux, associatifs, etc. nous allons rencontrer les salarié·e·s sur leurs lieux de travail pour qu’ils et elles nous expliquent leur travail et ce qu’il faudrait faire pour l’améliorer. »

Elle conclut en énumérant les actions concrètes telles que celles menées avec le collectif Plus Jamais ça à la Chapelle-Darblay, et les revendications que la CGT porte pour accompagner cette transition :

  • sur la conditionnalité des aides publiques ;
  • le droit d’intervention des salarié·e·s sur les choix stratégiques des entreprises ;
  • le partage du temps de travail ;
  • la conditionnalité des marchés publics ;
  • la mise en place de pôles publics pour sortir des secteurs essentiels des logiques de marché.
FORUM SYNDICAL INTERNATIONAL DES TRANSITIONS ECOLOGIQUES ET SOCIALES 14–19 JUIN 2021

 

Kim Seok, de la direction politique de la KCTU (centrale syndicale de Corée du Sud), lui succède ensuite à la tribune.

Ses premiers mots vont au président du syndicat, Yang Kyeung-soo, actuellement emprisonné pour avoir appelé à une grève et une mobilisation. Il remercie la forte solidarité internationale qu’ils ont reçue et rappelle à quel point il est essentiel de faire bloc face à ces attaques.

Il expose que « la réponse de la KCTU à la crise climatique est tardive. C'est tout récemment que nous avons entamé des discussions organisées. Le réseau de réponse à la crise climatique de la KCTU, l'unité interne sur la crise climatique, va bientôt passer au comité spécial. Contrairement aux autres comités de la KCTU, celui-ci inclura des groupes de mouvements sociaux et des militant·e·s pour participer directement, discuter et mettre en pratique des mesures ensemble ».

Gautam Mody, secrétaire général de la NTUI (centrale syndicale indienne), commence ensuite son intervention en réaffirmant toute sa solidarité au camarade coréen.

Il explique ensuite la nécessité d’approfondir certains axes de travail du forum, notamment ceux à liés aux chaînes d’approvisionnement mondialisées. Il y a un besoin de rassembler les travailleur·se·s impliqué·e·s, du Nord au Sud, dans ces productions et de construire des réponses effectives.

Il conclura par ces mots forts : « Les pays impérialistes cherchent à recalibrer leur domination mondiale et la COP 26 en est une expression. Gagner une transition écologique juste nous appelle, dans le mouvement syndical, à construire les solidarités les plus fortes de la classe ouvrière dans nos pays et entre nos pays. Nous devons renforcer les actions syndicales au-delà de nos frontières, entre le Nord et le Sud, pour combattre et inverser les inégalités croissantes. Si les syndicats des pays du Nord ne défendent pas les droits des travailleur·se·s du Sud contre les attaques féroces du capital mondial, il sera difficile de lutter contre le changement climatique. »

Le dernier mot revient au camarade Elimane Diouf, secrétaire général de la CSA du Sénégal.

Il explique que les conclusions du Forum de juin ont été présentées et discutées au sein de l’organisation qui a décidé de les faire siennes.

Il rappelle que les études de la banque mondiale montrent que le changement climatique pourrait faire basculer plus de 130 millions d’individus dans la pauvreté d’ici 2030 et obliger plus de 200 millions de personnes à migrer d’ici 2050 et qu’investir dans les mesures d’adaptation pour aider les pays et les entreprises à devenir plus résilients est donc une nécessité absolue : « Alors que le financement de la lutte contre le changement climatique est devenu une question plus qu’urgente compte tenu des contraintes budgétaires que connaissent les pays africains face à la pandémie de Covid-19 et la crise climatique qui se profile à l’horizon, les pays développés n’ont pas encore respecté leurs promesses de verser cent milliards de dollars chaque année dans la période 2010 à 2020. »

Avant de conclure : « Les enjeux des conséquences sociales et environnementales du réchauffement climatique nous imposent des alliances fortes au niveau national et sectoriel (intersyndicales avec partenaires des ONG) mais aussi au niveau africain et international. C’est pourquoi notre Confédération, la CSA, s’est impliquée depuis des années dans la constitution d’alliances avec ses partenaires afin de pousser le Gouvernement à nous impliquer sur ces questions, mais au-delà, à développer des initiatives pour la sauvegarde de notre environnement. »

Rendez-vous est donc pris pour continuer le chantier entamé en juin avec deux possibles échéances en 2022, la préparation d'une journée d’action mondiale dont la CGT se fait le relai et l’annonce par nos camarades coréens d’une possible deuxième édition du Forum, en septembre 2022 à Séoul. Affaires à suivre !

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