Qatar 2022 : une filiale de Vinci mise en examen pour travail forcé

Temps de lecture : 3 min.
Publié le 18 nov. 2022
Trois ans après l’ouverture d’une enquête par le parquet de Nanterre, et à quelques jours du coup d’envoi de la Coupe du monde de foot, une filiale de Vinci a été mise en examen le 9 novembre pour sa responsabilité dans les conditions de travail et d'hébergement des ouvriers sur certains chantiers liés à l’événement sportif.
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En cause, les conditions de travail et d’hébergement incompatibles avec la dignité humaine », assimilées à de l'esclavagisme moderne. 

La mise en examen prononcée par le juge d’instruction du tribunal de Nanterre à l’encontre de la filiale qatari de Vinci Construction Grands Projets intervient après trois ans d'instruction suite à une plainte de la Fédération nationale des salariés de la construction de la CGT (FNSCBA) et de l'ONG Sherpa. Le dossier remonte à 2015, et une première plainte avait été classée sans suite en 2018. 

D’autres plaintes pour travail forcé avec constitution de partie civile avaient abouti à l'ouverture d'une enquête par la procureure du parquet de Nanterre, en novembre 2019.

Trois chantiers sont dans le viseur et ne concernent pas directement la Coupe du monde de football :

  • les quatre lignes du tramway entre Doha et Lusail, ville nouvelle où se déroulera la finale,
  • les parkings souterrains de Lusail et ceux de l'hôtel de luxe Sheraton, à Doha. 

Jusqu’à 70 heures de travail par semaine ! 

Selon les témoignages recueillis à l'époque par l'ONG Sherpa, les employés immigrés de Vinci sur ces chantiers ont dit avoir travaillé entre 66 et 70 heures par semaine, exposés à la poussière et aux chaleurs extrêmes du climat du Golfe, la majeure partie de l’année. 

Entassés dans des chambres minuscules avec des sanitaires indignes et un salaire de misère par rapport au travail des ouvriers, ils étaient menacés de licenciement ou de renvoi dans leur pays s’ils se plaignaient. Leurs passeports étaient confisqués.

Visites de chantier

Vinci Construction Grands Projets dément les faits, pourtant assez étayés pour entrainer une mise en examen, et devait former un appel.

Le groupe évoque des partenariats avec l’Internationale syndicale des travailleurs du bâtiment et du bois (IBB), des visites de chantier à Doha en 2015 et 2017 et avec le bureau local de l’Organisation internationale du travail (OIT).

Philippe Gaborieau, secrétaire de la Fédération nationale des salariés de la construction, bois et ameublement CGT, et membre du comité de groupe CGT Vinci, avait participé à l’une de ces visites en octobre 2021 :

« Vinci se conformait à la loi qatari en matière de règles d’hébergement sur les chantiers, mais ces conditions ne sont pas convenables au regard des droits ouvriers. Après la première plainte de Sherpa, et le tollé qui avait suivi, au lieu d’être 10 par chambre, ils étaient un peu moins, mais ce n’était toujours pas acceptable », témoigne-t-il.

L’enfer des chantiers qataris ne doit pas être passé sous silence. Les droits ouvriers à des conditions de travail dignes ne sont pas dérogeables. Pour la CGT, l'enjeu est la préservation des valeurs de dignité du travail humain. 

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