Pourquoi de nouvelles autoroutes quand l’urgence, c’est le climat ?
En plus de s’en mettre plein les poches, les autoroutiers vont à contre-sens de l’urgence climatique. Avec l’aval du gouvernement.
Faut-il autoriser la construction de nouvelles autoroutes sous prétexte que les projets sont déjà ficelés, ou bien favoriser les transports propres en investissant pour le train, les bus, métros, tramways et le fret ferroviaire au lieu de le démanteler ? La réponse tombe sous le sens sauf, visiblement, pour le gouvernement. Va-t-il continuer de donner son feu vert pour de nouveaux projets d’autoroutes, lesquels vont continuer à engraisser les Vinci, Sanef, Albertis et consorts ?
Pour la route, on élargit. Pour le rail, on réfléchit…
Le ministre délégué aux Transports Clément Beaune répète qu’il compte suivre les recommandations du récent rapport du Conseil d'orientation des infrastructures en faveur du rail, passer en revue un certain nombre de projets routiers et autoroutiers et que « certains seront sans doute suspendus, ou mis à l'arrêt". Certains, donc pas tous…
Ce ne sera pas le cas par exemple de l'A69, entre Castres et Toulouse. Pour le ministre, ce projet "n'en est plus tout à fait un" puisque des travaux ont commencé. Le même sort sera-t-il réservé au contournement autoroutier de Rouen, à l’A412 en Haute-Savoie, à l’élargissement de l’A63 au sud de Bordeaux, à l’A154 qui consiste à transformer la route nationale entre Chartres et Evreux en une autoroute ?
Tous ces projets suscitent tous de vives contestations locales et certains font l’objet de recours juridiques sur les autorisations environnementales.
Car à chaque fois, des centaines d’hectares seront artificialisés sur des terres agricoles, et des zones humides et naturelles seront rayées de la carte.
« Tous ces projets vont continuer à enrichir les sociétés concessionnaires. Cela illustre une fois de plus pourquoi capitalisme et environnement s’opposent. Alors qu’il affirme donner la priorité à la transition écologique, le gouvernement l’accorde en fait au capital et n’opère pas des choix politiques cohérents. On est bien loin des discours !», constate Nathalie Bazire, membre du bureau exécutif de la CGT.
Couvrir les territoires de rubans de béton pour quoi faire ? Relier une ville préfecture, comme si, à l’heure de l’urgence climatique, la priorité n’était pas les transports collectifs et le fret ferroviaire. Rappelons qu’un train, ce sont 50 camions en moins sur les routes et autoroutes.
La CGT rappelle la lutte contre le démantèlement du fret ferroviaire en France, alors que la part du transport de marchandises par le rail commençait à remonter à 10%. Le syndicat défend la réouverture des petites lignes ferroviaires utiles pour les trajets domicile-travail, et revendique la prise en charge à 100% de l’abonnement des salariés.es au transport collectif par les employeurs.
« Les politiques publiques doivent répondre aux besoins sociaux, pas abonder les superprofits ! », affirme Nathalie Bazire.