Les saisonniers en danger

Temps de lecture : 3 min.
Publié le 3 Mar. 2021
La situation des saisonniers continue à être inquiétante, alors que les stations de ski n'ont pas réouvert et que le gouvernement vient d'annoncer l’entrée en vigueur de la réforme de l’assurance-chômage au 1er juillet. Dans ce contexte, la CGT redoute une flambée de la précarité des travailleurs saisonniers.
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Remontées mécaniques ski

Avec la fermeture des stations, la majorité des saisonniers sont privés d'emploi et passent entre les mailles des aides gouvernementales.

Une situation catastrophique alors que le gouvernement casse d'une main notre sytème de protection sociale et distribue de l'autre des milliards d'euros au patronat. « Pour les saisonniers, l'activité partielle va jusqu'à la fin de la saison habituelle et pour les permanents, l'activité partielle ira jusqu'au 30 juin. On peut dire que ça, c'est positif. Mais il n'y a aucune conditionnalité des aides, deux tiers des saisonniers n'ont droit à rien. Sur les départements alpins les plus peuplés, cela représente environ 90 000 personnes », déplore Antoine Fatiga.

Cette situation risque d'avoir un impact important sur les élections dans les TPE, qui débuteront le 22 mars. « Sur les 90 000 qui n'ont pas été embauchés, la plupart travaillent dans des TPE (petits magasins de ski, petits commerces) et donc ils ne pourront pas voter », rappelle Antoine Fatiga, responsable CGT des droits de saisonniers.

Grâce au rapport de force instauré par la CGT dans le secteur des remontées mécaniques, le patronat a été obligé d'embaucher.

Ainsi 80 % des saisonniers ont vu leur contrat reconduit pour la saison et peuvent dès lors bénéficier du chômage partiel. C'est beaucoup moins dans le secteur de l'hôtellerie-restauration.

Sur les 120 000 saisonniers employés dans l’hôtellerie-restauration en station dans les Alpes, 70 % d’entre eux n’ont pas été embauchés au chômage partiel.

Ceux et celles privés de revenus sont contraints d'épuiser leurs droits au chômage et d'aller aux Restos du coeur. Quant à l'aide de 900 euros octroyée par le gouvernement, que les bénéficiaires ont touché le 5 février, « c'est une  fumisterie ». Une aumône qui exclut la majorité des 2 à 3 millions de précaires, intérimaires, saisonniers, extras hôteliers, guides touristiques, CDD de tous les secteurs et tous les travailleurs sans papiers.

Les critères pour prétendre à cette aide sont drastiques.

Il faut :  

  • être inscrit sur les listes de Pôle emploi, sur un ou plusieurs mois entre novembre 2020 et février 2021 ;
  • justifier d’une durée d’activité salariée d’au moins 138 jours entre le 1er janvier et le 31 décembre 2019 (cette activité doit avoir été effectuée à 70 % en CDD ou en intérim) ;
  • avoir des revenus inférieurs à 900 euros au cours du mois écoulé.

Malgré la crise sociale, le gouvernement continue sa politique de régression sociale.

La réforme de l'assurance chômage entrera partiellement en vigueur le 1er juillet 2021. Le nouveau mode de calcul de l'indemnisation des privés d'emploi sera ainsi mis en place à partir de cette date, a-t-on appris mardi 2 mars, à l'issue d'une ultime séance de concertation avec le ministère du Travail.

Le durcissement de l'ouverture des droits (de quatre à six mois de travail sur les 24 derniers) entrera, lui, en vigueur au plus tôt au 1er octobre.

« On a demandé au gouvernement que les saisonniers qui n'ont pas été embauchés, alors qu'ils auraient dû l'être, puissent faire valoir auprès de Pôle emploi leur contrat de saison. Que ce contrat de saison leur ouvre des droits pour les 4 mois durant lesquels ils auraient dû travailler. Ça a été refusé », précise Antoine Fatiga.

Notre organisation revendique l'abrogation de la réforme de l’assurance chômage que le Conseil d’État avait d'ailleurs censurée en partie, et la mise en place d'une protection sociale garantissant le droit au travail et à un revenu de remplacement pour toutes et tous.

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