HÔPITAL : SILENCE, on ferme !

Temps de lecture : 3 min.
Publié le 8 Aoû. 2022
Rediffusion : cet été, nous vous proposons de redécouvrir des articles diffusés tout au long de l'année. L'occasion de revenir sur les grands thèmes d'actualité abordés par la CGT.
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hopital_pixabay_RyanMcGuire

Samedi 5 mars, la population de la ville de Guingamp, dans les Côtes-d’Armor, s’est fortement mobilisée contre le projet de fermeture du service de chirurgie 24h/24 et de la maternité. 

L’inquiétude grandit dans ce bassin de vie breton qui compte un peu plus de 73 000 habitants.

Les hôpitaux périphériques, distants de plusieurs dizaines de kilomètres, ne seront pas en mesure d’absorber l’activité des services qui seraient supprimés à Guingamp.

Si, pour les patients et leurs familles, les temps de trajet seraient augmentés, c’est tout un territoire qui pourrait en pâtir au niveau de l’attractivité.

Alors que la pandémie de covid a mis en exergue l’extrême fragilité du système sanitaire et social de notre pays, ce qui se passe à Guingamp est symptomatique d’une volonté gouvernementale de la poursuite de la casse des services publics.

Dans l’agglomération, après le commissariat de Police de la ville qui a été fermé, de nombreux secteurs ont connu une véritable hémorragie d’emplois : La Poste, les Finances Publiques….Et aujourd’hui, c’est le tour de l’hôpital Public.

 

Le cas de Guingamp n’est pas isolé, les fermetures de lits, de services ou d’hôpitaux se poursuivent partout sur le territoire.

C’est une véritable destruction méthodique du maillage territorial qui a fait de notre système de santé l’un des meilleurs au monde.

À ce jour, avec tout juste six lits pour 1000 habitants, la France n'est qu'au neuvième rang des pays de l'organisation de coopération et de développement économique (OCDE).

L’hôpital public est malade et rien n’est fait pour améliorer la situation.

En raison de l’asphyxie financière, les hôpitaux se transforment en véritables centres de rentabilité.

Comme les budgets des secteurs de la santé et de l’action sociale sont essentiellement consacrés aux rémunérations des personnels, les suites inéluctables de cette contrainte financière sont des milliers de suppressions d’emplois.

Cela se traduit par une profonde dégradation des conditions de travail, dans le contexte de crise sanitaire actuel. Les personnels démissionnent de l’hôpital public et le nombre d'arrêts maladie augmente.

Aussi, le taux de postes vacants au sein des hôpitaux et des établissements médico-sociaux publics se situe entre 2% et 5%.

Il est urgent de changer de logique pour garantir l’accès au système de soins pour tous.

La crise a montré que nous avions besoin d’un service public mieux armé, avec plus de personnels et de moyens matériels, financé par une sécurité sociale qui prenne en charge l’ensemble des besoins de la population.

Pour la CGT, le système de santé doit garantir à chaque individu, quels que soient ses moyens financiers, son lieu de résidence et son origine, l’accès à des soins de qualité.

Cela ne peut se faire qu’en renouant avec les origines de la Sécurité Sociale et le principe républicain de solidarité issu du programme du Conseil National de la Résistance (CNR) «à chacun selon ses besoins, chacun doit y contribuer selon ses moyens » qui sont le socle fondamental de la Sécurité sociale.

La Sécurité Sociale est notre bien commun.

Elle nécessite une attention de tous les jours pour la défendre, l’élargir afin de couvrir les nouveaux besoins (vieillissement de la population, perte d’autonomie, protection de l’enfance, sécurité sociale professionnelle…) et de l’enrichir en y incluant toutes les formes de prévention.

Il faudra obligatoirement mettre un terme à la marchandisation de la santé, et même inverser son processus.

Quelques chiffres qui donnent le vertige

En 2018, selon une étude de la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES, 2019), près de 4 200 lits d'hospitalisation complète ont été fermés dans les établissements de santé français.

Sur la période 2013-2018, pas moins de 60 hôpitaux publics ont mis la clé sous la porte, et près de 20 000 lits ont été fermés. En 2019, le nombre d’établissements publics a baissé de 3,7%.

Au total, sur les vingt dernières années, la fermeture de lits d'hospitalisation s'élève à près de 100 000.

En parallèle, depuis 1980, s’opère un déplacement du soin, de la sphère publique vers la sphère privée. C’est d’ailleurs l’époque où se créent les premiers grands groupes privés lucratifs de maisons de retraite et de cliniques privés: Générale de Santé, ORPEA...

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