Fin de non recevoir pour la reconnaissance faciale

Temps de lecture : 3 min.
Publié le 14 nov. 2019
Le projet d’expérimenter la reconnaissance faciale dans deux lycées à Nice et Marseille a été retoqué par la Commission nationale informatique et libertés (Cnil) fin octobre. Le projet s’inscrit dans une politique sécuritaire plus globale.
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©pixabaysucco big brother

Quatre organisations, la Quadrature du net, la Ligue des droits de l'Homme, la FCPE et le syndicat CGT Educ, avaient déposé un recours devant le tribunal administratif de Marseille pour demander l'annulation de la délibération du conseil régional autorisant la mise en œuvre de cette expérimentation. La Cnil a de son côté émis un avis négatif : « Les traitements de données biométriques sont d’une sensibilité particulière, justifiant une protection renforcée des personnes. Les dispositifs de reconnaissance faciale […] présentent des risques majeurs d’atteinte à la vie privée et aux libertés individuelles des personnes concernées. Ils sont par ailleurs de nature à créer un sentiment de surveillance renforcé. »

Projet en stand-by

Depuis, le projet est au point mort. « Le projet de la région ne se limite d’ailleurs pas qu’aux lycées. Ils veulent aussi installer des technologies de surveillance dans les transports en commun pour détecter les comportements et déployer la reconnaissance faciale sur les caméras urbaines », explique Olivier Roggeri, de la CGT Educ’Action 06.

Le projet interroge d’autant plus que la reconnaissance faciale, tout comme la vidéosurveillance, est inefficace. Donc la vraie question qui se pose est : quel est le but ? Un plus grand contrôle social. « C’est un projet idéologique qui s’inscrit dans un libéralisme autoritaire. Il s’agit de façonner de nouvelles normes qui, contrairement aux lois, sont intériorisées », estime Olivier Roggeri.

Ces technologies, défendues par les pouvoirs publics, sont développées par de grands groupes capitalistiques (Thalès, Cisco ou Engie Ineo) qui avancent main dans la main avec les exécutifs locaux pour pousser leurs projets sécuritaires. Ce marché a été en plein boom en 2018 sur le segment de la sécurité électronique : la cybersécurité et la télésurveillance enregistrent respectivement des taux de croissance approchant les 15 %.

La vidéosurveillance, l’anti-intrusion et le contrôle d’accès ont eu une croissance 6 %. Les prévisions pour 2019 confirment la tendance : la vidéosurveillance arrive en priorité dans les projets des « directeurs sécurité » des entreprises avec une part de 27 % d’investissement.

La riposte s'organise

Pour lutter contre ces technologies et projets sécuritaires, La Quadrature du Net a mis en place un forum « Technopolice » (lien ici) qui permet d’informer sur la surveillance urbaine. « Ça permet aussi de s’organiser sur ces questions. À Saint-Étienne, nous avons ainsi fait reculer la ville sur son projet d’installer des micros dans les jardins publics pour capter les conversations. »

La CGT travaille aussi sur la question de la surveillance en entreprise. « On est attentif à ces technologies, comme les détecteurs de présence, censés servir à réguler le chauffage, ou les compteurs de pas pour la géolocalisation des salariés, qui sous couvert de garantir la “sécurité des salariés”, permet de les surveiller. »

La CGT plaide pour une intelligence artificielle et une utilisation des big data au service du progrès humain et social et non comme le bras armé d’un capitalisme autoritaire contre lequel la CGT appelle et continuera d’appeler à une résistance résolue et systématique.

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