Les salarié·es ont besoin d'augmentations de salaires pour faire face à l'inflation

Temps de lecture : 6 min.
Publié le 9 jan. 2024
Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT était l'invitée de France Info ce mardi 9 janvier. À cette occasion, elle a rappelé l'urgence d'augmenter les salaires. (Partie 2/3)
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Arrêter les aides sans conditions ni contrepartie pour les entreprises

Lors de ses vœux, le ministre de l'économie, Bruno Le Maire a une nouvelle fois parlé de la dette de la France. La CGT a une proposition toute simple pour faire des économies. Arrêter les aides sans conditions ni contreparties pour les entreprises.

Chaque année, la France dépense 200 milliards d'euros dans des aides sans conditions ni contrepartie pour les entreprises, ce qui représente un tiers du budget de l'Etat. Il faut mettre un terme à cela en commençant par lister ces aides et les évaluer ce que le gouvernement ne fait pas.

Par exemple, le crédit impôt recherche, c'est plus de 7 milliards chaque année. 
7 milliards cela représente un tiers du budget de l'enseignement supérieur et de la recherche, un tiers du budget de toutes les universités, organismes de recherche, etc. 

Des dizaines de rapports s'empilent et tous pointent le fait que ce crédit recherche est capté par les plus grandes entreprises et ne va pas forcément financer la recherche.

Prenons l'exemple de Sanofi qui a touché quasiment 1 milliard de crédit impôt recherche en dix ans et qui a licencié la moitié de ses chercheurs, et n'a toujours pas trouvé de vaccin contre le covid. 

L'urgence c'est d'augmenter les salaires

Malgré ce que dit le ministre de l'économie qui depuis des mois nous dit “Ayez confiance, les prix vont baisser”, dans les faits, les prix ne baissent pas, notamment ceux des produits de première nécessité et des produits alimentaires.

En revanche, pour la première fois depuis 1970, les salaires eux, baissent en euros constants avec des travailleuses et des travailleurs qui ne peuvent plus remplir leur frigo, qui ne peuvent plus payer leur loyer alors que les dividendes explosent. 

Jamais les dividendes n'ont atteint un tel niveau en France.

Le problème de l'inflation, c'est la boucle prix profits, c'est-à-dire que les profits explosent, ce qui fait augmenter les prix. C'est sur ce point que le gouvernement ne veut pas agir. Le président de la République préférant distribuer la Légion d'honneur à ses meilleurs amis, à ceux qui distribuent les dividendes.

Dans la promotion 2023 de la légion d'honneur on retrouve : Bernard Arnault, l'homme le plus riche du monde, meilleur ami du président de la République, Patrick Pouyanné, le PDG de Total et de Rothschild, un grand banquier. 

Alors que la Légion d'honneur récompense l'intérêt général, comment peut-on expliquer qu'on honore ces trois hommes qui représentent les trois secteurs qui ont distribué le plus de dividendes. Non seulement le gouvernement n'agit pas, mais en plus il récompense les patrons qui nous volent notre salaire pour aller enrichir les actionnaires et augmenter leurs rémunérations.

La CGT appelle tous les salarié·es de France à s'organiser pour gagner des augmentations de salaires

 

 

La CGT appelle la direction d'EDF à venir négocier pour au moins garantir le maintien du pouvoir d'achat. Par ailleurs, ce préavis de grève n'est pas du tout lié à la situation climatique, on ne va pas demander aux salarié·es d'EDF plus qu'à d'autres de se sacrifier à cause de la météo. 

Il y a une négociation en cours actuellement et la direction refuse d'entendre les syndicats

C'est pour cette raison que la CGT appelle les salarié·es d'EDF à se mobiliser. Pour que la grève s'arrête, il suffit que la direction revienne à la table des négociations. 

Les salarié·es ont besoin d'avoir des salaires qui augmentent pour faire face à l'inflation et ce qui se passe à EDF doit avoir un effet d'entraînement pour que l'ensemble des salarié·es amplifie la mobilisation pour gagner des augmentations de salaires.

Comme en décembre chez ONET à Montpellier, où, après trois semaines de grève, les salarié·es ont gagné des augmentations de salaire. 

Leasing social de voitures électriques : le gouvernement continue de stigmatiser les plus précaires

La ministre de la transition énergétique a confirmé que le leasing social de voitures électriques à 100 € sera réservé aux personnes modestes qui travaillent. Les privé·e·s d'emploi et les retraité·e·s seront donc exclus du dispositif. Cela s'inscrit dans la stigmatisation permanente du gouvernement en direction des chômeurs. Comme si les 6 millions de personnes qui sont privées d'emploi le choisissaient. 

Être chômeur, c'est une grande violence, personne ne le choisit, leurs revenus sont moindre, par principe, ils devraient avoir accès à ce type de dispositif.

Pour rappel, 60% des personnes privées d'emploi n'ont pas d'allocations et les aides de Pôle emploi sur les frais de déplacements sont très ponctuelles, et elles ne sont pas liées au fait de s'équiper d'un véhicule non polluant. En effet, les zones de faibles émissions qui sont en train de rentrer en vigueur dans les grandes villes s'appliquent à tout le monde, aux salariés comme aux chômeurs. 

Avec ce dispositif, on envoie le signal que les chômeurs ne pourraient plus rentrer dans les centres villes parce qu'ils n'auraient pas les moyens de s'équiper d'un véhicule non polluant et c'est scandaleux.

Par ailleurs, il faut agir sur le cœur du problème qui est que les prix des véhicules électriques sont beaucoup trop élevés. 

La CGT demande à ce qu'il y ait des véhicules électriques à bas coût produits en France.

Il y a un projet industriel de véhicule électrique qui serait commercialisé autour de 14  000 € et produit intégralement en France, ce qui montre que c'est possible. 
C'est possible en changeant la conception du véhicule, en ayant un véhicule plutôt petit, ce qui en plus est plus économe d'un point de vue environnemental et plus vertueux.

Nissan produit un véhicule électrique fabriqué au Japon qui est vendu l'équivalent de 17  000 €. Pourquoi ce qui est possible au Japon ne le serait pas en France alors que les salaires sont à peu près au même niveau ?   

Au Japon, ce projet a été rendu possible parce que le gouvernement japonais a imposé aux constructeurs japonais de construire des véhicules à bas coût produits au Japon, c'est tout à fait possible.

En France, c'est un choix industriel et économique que font les constructeurs. Ils préfèrent construire des gros véhicules chers, ce qui leur permet de dégager des marges encore plus importantes, qu'ils vont s'empresser de redistribuer sous forme de dividendes ce qui est un problème social et environnemental.    

 

Retrouver l'intégralité de l'interview de Sophie Binet 

 

 

Lire aussi l'article consacré à la première partie de l'interview "Remaniement : la CGT demande un changement de cap" et la troisième et dernière partie "Nous disons aux femmes “tu n'y es pour rien, je te crois” et c'est cette parole qu'on devrait entendre au sommet de l'État".

 

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