Réalité du travail : pourquoi travailler plus longtemps n'est pas possible ?

Temps de lecture : 4 min.
Publié le 2 fév. 2023
Les salariés ne peuvent pas travailler plus longtemps. Chômage élevé chez les seniors, inégalité de traitement pour les femmes, mauvaise prise en compte de la situation de handicap, pénibilité du travail… Beaucoup de travailleurs ne sont pas en capacité de travailler plus longtemps.
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©Divergences Travailler jusqu'à la mort tue

Travailler plus longtemps, pour apporter plus de recettes, n’est pas une solution réaliste.

Aujourd’hui, à 60 ans, seul un actif sur deux est encore en activité, l’autre moitié se répartissant entre chômage et invalidité.

Entre refus d’embaucher des salariés après 50 ans et plans de départ volontaires des plus anciens considérés trop coûteux pour les entreprises, le chômage sévit sauvagement chez les seniors.

”Ce report de l’âge de départ à la retraite, c’est la double peine ! Tout le monde prend deux ans ferme !” résume Catherine Perret, secrétaire confédérale de la CGT en charge des retraites.
 “L’augmentation du nombre d’annuité entraînera un allongement du sas de précarité et une baisse massive du nombre de travailleur.euse.s en capacité d’atteindre une carrière complète, avec des répercussions sur le niveau des pensions.”

En effet, l’articulation avec la réforme de l’assurance-chômage qui entraîne une baisse des allocations ou une suppression du nombre de mois indemnisés va pousser certains seniors vers le RSA. Et se dessine aujourd'hui un RSA de mise au travail forcé des travailleur.euse.s avec la réduction à un strict minimum de leurs droits de protection sociale. 

Le gouvernement appelle à la création d’un index sénior.

Une mesure qui a déjà démontré son inefficacité pour l’égalité Hommes/Femmes au travail.
Chaque fois que l’on repousse la durée de cotisation, on la rend moins atteignable pour les femmes et creuse le fossé des inégalités entre les femmes et les hommes. Actuellement, les femmes gagnent en moyenne 15,8% de moins que les hommes.

La retraite moyenne des femmes est inférieure de près de 40% à celle des hommes.

Même en prenant en compte les pensions de réversion et de majoration pour enfants, la retraite moyenne des femmes reste inférieure de 25,2% à celle des hommes.

Reporter l’âge de départ à la retraite n’offrira pas non plus une meilleure embauche des travailleurs handicapé.e.s.

Les conditions pour partir en retraite anticipée pour handicap pourraient s’assouplir, mais le handicap doit être justifié pour toute la durée d’assurance. Seul 15% des handicap sont de naissance ou depuis l’enfance.

17% des situations de handicap ont pour origine un accident du travail ou une maladie professionnelle.

La reconnaissance administrative du handicap arrive souvent tard dans la carrière des travailleur.euse.s, limitant leur accès au dispositif de retraite anticipé.

Tout le monde travaillera plus longtemps, même les carrières longues.

L’étude d’impact évalue à +8 mois la durée supplémentaire passée au travail pour les salariés ayant commencé à travailler jeunes, et entrant dans le dispositif des carrières longues !
Pourtant, ceux qui ont commencé à travailler tôt sont souvent ceux qui ont les métiers les plus pénibles et usants, donc les plus abimés par le travail.

L’exposition dans le cadre du travail à des conditions difficiles (bruit, froid, etc.) comme à la répétition fréquente de certains gestes ou postures peuvent entraîner une invalidité.

Pour une aide-soignante par exemple, porter et laver des personnes malades ou âgées n’a pas les mêmes conséquences sur le corps à 40 et à 63 ans. Plus les années passent, plus le corps est exposé.

Reculer l’âge de la retraite, sans une prise en compte sérieuse de la pénibilité, c’est garantir une augmentation des invalidités.

Les propositions de la  CGT pour pérenniser le système de retraite par répartition :

  • Départ en retraite à 60 ans pour toutes et tous (hors départs anticipés pour les métiers pénibles)
  • Accroitre les recettes provenant des cotisations sociales basées sur le travail
  • Instauration d’une cotisation pour les retraites sur les dividendes nets
  • Hausse des salaires de 5% dans le privé et de 5% du point d’indice dans la fonction publique libérerait respectivement 9 Mds et 1,25 Mds € pour la branche retraite.
  • Réduction du temps de travail à 32 heures hebdomadaires revendiquée par la Cgt, entrainerait la création de 1,7 million d’emplois dans le privé générant 13,6 Mds € de cotisations retraites.
  • Soumettre à cotisations les revenus qui en sont exemptés tels l’intéressement, la participation, l’épargne salariale ou l’épargne retraite, fournirait encore 3 Mds de plus
  • Augmentation de 2 points de cotisation retraite, pour les employeurs comme pour les salariés, de pair avec une augmentation des salaires, représenterait 30 Mds € de recettes supplémentaires par an. 
  • Revenir au calcul sur les 10 meilleures années pour le privé
  • Conserver le calcul sur les 6 derniers mois pour le public étant donnée la trajectoire de leur rémunération
  • Prise en compte des années d’études
  • Concernant la pénibilité ; prise en compte des situations réelles de travail et reconnaissance de toutes les formes de pénibilité par grands corps de métier
  • Taux de remplacement minimum de 75%. Dans tous les cas, pas de pension inférieure au SMIC CGT (2000€) quel que soit le régime de retraite.
  • Cela inclut également les agriculteurs et pose la question de la juste rémunération de leur travail

L’intersyndicale appelle à de nouvelles journées interprofessionnelles le mardi 7 février et le samedi 11 février pour dire non au recul à 64 ans et à l’allongement de la durée de cotisation. 

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