Les cancers professionnels, une épidémie silencieuse

Temps de lecture : 2 min.
Publié le 27 jan. 2023
En prononçant un non-lieu définitif à propos de la chlordécone, ce pesticide provoquant de nombreux cancers, la justice a braqué les projecteurs sur la question des cancers professionnels. Ceux-ci constitueraient la première cause de décès liés à l’activité professionnelle en Europe.
Imagette
Stop

La majorité des cancers professionnels ne sont pas reconnus comme tels

Dans son livre « Mourir de son travail aujourd’hui », la sociologue et historienne Anne Marchand estime entre 52 000 et 82 000 le nombre de nouveaux cancers d’origine professionnelle par an, alors que seuls 1 633 sont reconnus comme tels par la branche Accidents du travail - Maladies professionnelles (AT-MP) de la Sécurité sociale.

Effets de seuil et principe de précaution

Les études montrent que l’exposition au substances dangereuses est corrélée à la catégorie socio professionnelle : les plus touchés sont les ouvriers (33 %), suivis des jeunes apprentis (25 %).

En France, c’est la politique de réparation qui prévaut, au détriment de la prévention des risques professionnels. Elle permet au patronat de fuir ses responsabilités à l’égard de la santé des travailleur·euses, mais aussi de celle de la population et du respect de l’environnement. 

Les valeurs limites d’exposition professionnelle sur lesquelles se base la prévention n’ont plus de sens avec l’apparition des nouvelles substances telles que les CMR (cancérogènes, mutagènes, toxiques pour la reproduction) et les perturbateurs endocriniens. 

« Nous devons respecter un principe de précaution : tant qu’on ne connait pas les effets d’un produit sur la santé et sur l’environnement, il ne doit pas être utilisé » insiste Jérome Vivenza, membre de la direction confédérale en charge des questions de santé au travail.

Traçabilité des expositions

Autre outil à mettre en place, la traçabilité des expositions. L’archivage des documents uniques d’évaluation des risques (DUER), rendu obligatoire par la loi de 2022, constitue une porte d’entrée de cette traçabilité.

Pour aller plus loin, la CGT propose sa prise en charge par un service public, et accessible à chaque salarié·e. Les services de santé au travail, rattachés à la Sécurité sociale et au Carsat, archiveraient les DUER et la fiche d’entreprise rédigée par le médecin du travail.

Des négociations autour d’un accord interprofessionnel concernant la branche AT-MP de la Sécurité sociale sont en cours. Les partenaires sociaux souhaitent décaler à la fin du 1er trimestre 2023 la signature de la prochaine convention d’objectifs et de gestion (COG) 2023-2027, afin qu’elle tienne compte de l’issue de cette négociation.

Sur le même thème

dossier

Ensemble pour la retraite à 60 ans

Lire la suite
Actualité

Les retraité·es réclament 10 % maintenant

Lire la suite
Actualité

Retraites : il est encore temps d'agir !

Lire la suite