Assurance chômage et retraites : deux réformes qui font très mal aux seniors

Temps de lecture : 3 min.
Publié le 3 Aoû. 2023
[Redif du 22 mars 2023] Deux réformes coup sur coup : l’une sur l’assurance chômage qui a durci les conditions d’indemnisation, l’autre sur les retraites, rejetée par la population mais passée au forceps par l’exécutif. Cela donne un cocktail explosif et particulièrement imbuvable pour les seniors au chômage. Explications.
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©Pixabay Skitterphoto

Pas en emploi après 60 ans, encore moins entre 62 et 64 ans : les seniors au chômage prennent de plein fouet la réforme des retraites.

Prenez la réforme de l’assurance-chômage qui entraîne une baisse des allocations de retour à l’emploi (ARE), réduit de 25% le nombre de mois indemnisés, et va donc pousser certains seniors vers le RSA. Ajoutez le recul de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans, et vous augmentez mécaniquement le nombre de seniors pauvres, piégés dans un sas de précarité de plus en plus long. 

Pas assez vieux pour prétendre à la retraite, ils.elles risquent de se retrouver coincé.es entre la fin de leurs droits aux ARE (avec le risque de ne pas valider leurs trimestres), et le début de la retraite.

Pire encore si ce sont des femmes : une récente étude de l’Unedic montre que les différences d’indemnisation chômage entre hommes et femmes sont exacerbées chez les seniors : de 140 euros chez les moins de 50 ans, elle bondit à 458 euros pour les 55-61 ans !  

Et pourtant, lorsqu’elles ont plus de 55 ans, les femmes sont plus souvent au chômage que les hommes (54%).

Cercle vicieux

C’est un cercle vicieux : les inégalités salariales hommes-femmes se retrouvent forcément dans le niveau de l’indemnisation chômage si elles se retrouvent sans emploi, et in fine, sur le niveau de leur pension de retraite.
Et pour couronner le tout, elles doivent, plus souvent que les hommes, attendre 67 ans pour avoir une retraite à taux plein.

« Le cumul de ces deux réformes, c’est la double peine !, s’insurge Denis Gravouil, membre de la direction de la CGT. On va pousser des gens dans des sas de précarité : pas en emploi après 60 ans, ils le seront encore moins entre 62 et 64 ans », calcule-t-il en toute évidence. 

Selon les chiffres de la Dares (rattachée au ministère du Travail), 56% seulement des 55-64 ans sont en emploi, un taux inférieur à celui de la moyenne de l'Union européenne (il est de 60,5%).

En France, à 60 ans, seul un actif sur deux est encore en activité, l’autre moitié se répartissant entre chômage et invalidité. 

Aujourd’hui, 75 000 personnes bénéficient en France du système de maintien des droits au chômage au-delà de 62 ans, selon certaines conditions de carrière.

Cette protection des seniors de plus de 62 ans au chômage va-t-elle tomber elle aussi ? Le 11 janvier, au lendemain de la présentation de sa réforme des retraites, Elisabeth Borne avait annoncé sa volonté de revoir les bornes de l’assurance chômage à cause… du recul de l’âge de départ à la retraite à 64 ans.

Cumulées, la réforme de l’assurance chômage en vigueur depuis février 2023 et la réforme des retraites contre laquelle la CGT se battra jusqu’au bout, pénalisent donc particulièrement les femmes, les seniors et les précaires. 

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