Les femmes, les grandes perdantes de la réforme

Temps de lecture : 3 min.
Publié le 16 jan. 2020
La réforme des retraites présage une fragilisation des plus précaires, et en particulier des femmes qui sont déjà 40 % à partir à la retraite avec une carrière incomplète et 30 % à travailler à temps partiel.
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Les femmes seront les premières perdantes de cette réforme. Aujourd’hui, la pension des femmes est inférieure de 42 % à celle des hommes, mais cet écart est ramené à 29 % une fois intégrée la pension de réversion et les droits familiaux, deux protections menacées par la réforme.

Le gouvernement prévoit en effet de supprimer la majoration de durée d’assurance (MDA), qui permet aux mères de valider deux ans de cotisations par enfant dans le privé et un an dans le public. Elle permet également la majoration de pension de 10 % pour le père et la mère des familles de 3 enfants ou plus. En remplacement, une majoration de 5 % par enfant sera attribuée, mais pour l’un des deux conjoints seulement.

D’après les projections réalisées, la majorité des mères seront pénalisées. Certaines femmes pourront ne plus avoir aucune compensation de leur maternité. Autre coup porté aux femmes, le durcissement de l’accès à la pension de réversion, dont les bénéficiaires sont à 90 % des femmes, qui ne sera plus accessible au couple divorcé.

Aujourd’hui, la réversion est accessible dès 55 ans dans le privé et sans condition d’âge dans le public. Il faudra désormais être à la retraite pour pouvoir toucher la réversion de son conjoint décédé.

Les femmes grandes perdantes de la réforme

Le calcul de la pension sur la carrière complète, et non sur les 25 meilleurs années dans le privé et les 6 derniers mois dans le public, va être particulièrement délétère pour les femmes, qui ont souvent des carrières morcelées (congé maternité, temps partiel, chômage).

Elles sont 30 % à travailler à temps partiel. Les périodes de temps partiel, d’interruption pour charges familiales ou de chômage ne pourront plus être neutralisées et feront baisser le montant des pensions. Certes, le gouvernement affirme qu’il y aura « un minimum de retraite à 1 000 € ».

Mais pour en bénéficier, il faudra attendre l'âge de 64 ans, et avoir une carrière complète, ce qui exclut 40 % des femmes. Aujourd’hui, les femmes partent en retraite en moyenne un an plus tard que les hommes, une sur 5 attend l'âge de 67 ans, âge d’annulation de la décote (contre un homme sur 12), et 37 % des femmes retraitées touchent moins de 1 000 € de pension brute (909 € nets). Avec cette réforme, les inégalités vont encore se creuser.

Une réforme féministe consisterait à réduire le temps de travail pour toutes et tous. Il faudrait revenir à la prise en compte des meilleures années pour le calcul de la retraite.

Il est urgent par ailleurs de lutter contre le sous-emploi des femmes, les temps partiels et la précarité, et mettre en place un service public de la petite enfance pour permettre aux femmes de continuer à travailler.

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