Une hausse des salaires urgente pour la relance

Temps de lecture : 4 min.
Publié le 8 fév. 2021
Le mal nommé « plan de relance » repose sans surprise sur la même conception erronée des questions économiques en France. Au lieu de proposer une trajectoire de sortie de crise de long terme, associant planification et condi­tionnalité de la dépense publique, le gouver­nement s'entête dans une voie désormais bien connue, puisqu'elle est l'unique réponse du gouvernement, peu importe le problème : baisser les impôts ou les cotisations sociales. À l'opposé, nous demandons que ces sommes servent directement les salariés et la tran­sition écologique.
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Salaire

Le plan de relance de 100 milliards d'eu­ros déployé par le gouvernement est construit autour de 3 volets principaux :

  • écologie ;
  • compétitivité ;
  • cohésion.

En revanche, rien sur l'augmentation indis­pensable des salaires.

Il serait très naïf de croire que ce nouveau plan conduira à un changement des politiques publiques et éco­nomiques qui sévissent depuis plus de trente ans.

Pire encore, tout en reculant les discussions autour du partage de la valeur, et donc de l'augmentation des salaires, le gouvernement n'hésite pas, dans la mise en œuvre du plan de relance, à proposer des baisses de salaire.

Comment ? En envisageant d'élargir encore les exonérations de cotisations sociales qui existent pour différents dispositifs tels que le congé de mobilité ou le congé de reclas­sement.

Le gouvernement fait le choix, une fois de plus, de saborder le financement de notre système solidaire de Sécurité sociale

La lutte pour la sauvegarde de l'environne­ment ne pourra être menée à bien que si chaque salarié a les moyens de concevoir un avenir plus serein. Cela passe, inévitable­ment, par un salaire qui lui permette de vivre autrement et surtout décemment, qu'il ait la faculté de pouvoir acheter, utiliser les nou­veaux produits respectueux de l'environne­ment.

L'augmentation des salaires est indisso­ciable du respect de l'environnement

Il faut des mesures d'investissement dans les outils industriels, développer la forma­tion qualifiante pour toutes et tous afin de garantir une évolution professionnelle des salariés sur ces nouvelles technologies et donc d'améliorer leur situation.

La condition­nalité des aides financières doit être utilisée comme levier pour s'orienter plus fortement vers une transition écologique.

Rappelons que sans le travail et les travailleurs, il n'y a pas de production de richesse. Sans consommation des populations, les économies ont chuté de manière importante.

En effet, plus de 55 % de la richesse produite dans notre pays dépend directement de la capacité des ménages à consommer.

La CGT propose aussi des investissements massifs dans les services publics ainsi qu'une véritable politique de l'emploi public et privé, qui seront autant de cotisations sociales ren­trant dans le cercle vertueux de la Sécurité sociale et de la redistribution.

Pour la CGT, le déroulement de carrière et la rémunération sont la pierre angulaire du développement professionnel du salarié au sein de l'entreprise. La qualification évolue tout au long de sa vie professionnelle (formation, acquisition d'expériences, de savoirs, polyva­lence, polycompétence…). Sa rémunération doit correspondre au paiement de cette qualification.

Pour chacun des grands niveaux de qualification, le salaire de base minimum garanti devrait être :

  • non diplômé : le Smic – 1 800 € bruts ;
  • niveau BEP-CAP: 1,2 fois le Smic, soit 2 160 € bruts ;
  • niveau Bac (général, professionnel ou techno­ logique): 1,4 fois le Smic, soit 2 520 € bruts ;
  • niveau BTS-DUT (Bac + 2): 1,6 fois le Smic, soit 2 880 € bruts ;
  • niveau licence LMD/licence professionnelle (Bac + 3): 1,8 fois le Smic, soit 3 240 € bruts ;
  • niveau master (Bac + 5): 2 fois le Smic, soit 3 600 € bruts ;
  • niveau doctorat (Bac + 8): 2,3 fois le Smic, soit 4 140 € bruts.

La CGT propose :

  • une grille des classifications avec des réfé­rences au niveau de l'Éducation nationale et ses diplômes ;
  • la garantie d'une progression minimale de coefficients pour chaque salarié ;
  • le doublement au minimum du salaire de base de chaque salarié sur sa carrière ;
  • une hiérarchie permettant une meilleure répartition des richesses produites par les travailleurs ;
  • une classification transposable d'une entre­prise à une autre.

Quand on parle de cohésion, où est-elle ? De plus en plus, les richesses pro­duites par le travail passent de la poche des travailleurs à celle du capital, c'est-à-dire les banques et les actionnaires essentiellement.

Alors que le pays et le monde connaissent une situation sanitaire et sociale grave et inédite, la machine à socialiser les pertes et privatiser les profits fonctionne à plein régime

Les richesses existent depuis bien longtemps et les coffres­ forts, ou autres paradis fiscaux, en sont gavés. Les dividendes versés aux actionnaires ont augmenté de 70 % entre 2009 et 2018, alors que le Smic augmentait de 12 %.

Il est donc urgent de partager les richesses et que les salariés obtiennent leur dû ! Il est grand temps que les salariés imposent leurs revendications, autour de l'égalité sala­riale et professionnelle femmes-hommes, de la revalorisation des métiers à prédominance féminine notamment, du Smic à 1 800 € bruts accompagnés de hausses générales de salaires qui doivent prendre en compte la qualification, la pénibilité et l'utilité sociale.

Le Smic est un salaire « de croissance » censé assurer aux salariés une participation au développement économique du pays. À ce titre, il doit croître plus vite que l'inflation et intégrer les gains de productivité du travail réalisé à l'échelle du pays. Il doit aussi contribuer à une redistribution de la valeur ajoutée plus favo­rable aux salariés.

Article tiré du dernier numéro du Peuple

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