Fraude aux cotisations : un fléau qui coûte cher à la Sécurité sociale

Temps de lecture : 3 min.
Publié le 20 fév. 2025
💸 Environ 12 milliards d'euros, c’est le montant de la fraude au versement des cotisations sociales chaque année en France. Un manque à gagner colossal pour le financement de la protection sociale. Explications ⤵️
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Sécurité sociale ©AdobeStock

Un trou pour les caisses de la Sécurité sociale

Chaque année, des milliards d’euros échappent aux caisses de protection sociale en raison du travail dissimulé et des fraudes aux cotisations. Les chiffres publiés par le Haut Conseil au Financement de la Protection sociale ( rapport du HCFiPS à lire ici ) sont sans appel :

  • 6 Ă  7,8 milliards d’euros de cotisations envolĂ©es dans le secteur privĂ© non agricole
  • 7,6 Ă  10,2 milliards d’euros si l’on inclut les erreurs de dĂ©claration
  • 1,3 Ă  1,7 milliard d’euros de manque Ă  gagner chez les micro-entrepreneurs
  • 345 millions d’euros de pertes dans le secteur agricole

Dans un contexte où le gouvernement brandit l’argument du déficit pour justifier des réformes toujours plus injustes, ces chiffres interrogent : pourquoi cette fraude massive du patronat reste-t-elle si peu combattue ?

Travail dissimulé : quand le patronat fraude en toute impunité

Si la fraude aux cotisations sociales reste stable depuis plus de dix ans, oscillant entre 1,5 % et 2 %, avec l’augmentation de la masse salariale, son impact financier s’accroĂ®t. Certaines rĂ©gions, comme l’Île-de-France et le sud du pays, sont particulièrement touchĂ©es en raison d’une forte concentration de secteurs oĂą la fraude est plus courante comme l’hĂ´tellerie-restauration et le commerce de dĂ©tail. 

À l’inverse, le sud-ouest et les Hauts-de-France affichent des niveaux de fraude plus faibles, ces secteurs y étant moins représentés.

Les estimations du HCFiPS minimisent probablement l’ampleur rĂ©elle du phĂ©nomène, notamment en raison de la difficultĂ© Ă  mesurer la dissimulation d’heures travaillĂ©es. Ce manque d’évaluation contribue Ă  une sous-estimation du volume rĂ©el de la fraude. 

D’après les annexes du rapport, la fraude aux cotisations sociales représente, et de loin, le principal enjeu financier en matière de « fraude sociale », bien au-delà de la fraude aux prestations, qui reste largement inférieure en comparaison.

Micro-entrepreneurs : la face cachée de la fraude sociale

Si le travail dissimulé concerne de nombreux secteurs, le cas des micro-entrepreneurs est emblématique d’un système à bout de souffle. Ici, la fraude atteint des niveaux vertigineux :

  • 34 Ă  39 % des dĂ©clarations prĂ©sentent des anomalies
  • 19,7 Ă  24,2 % des cotisations ne sont pas payĂ©es, soit un manque estimĂ© Ă  1,5 milliard d’euros
  • Le secteur de la livraison est le plus concernĂ©, avec 50 Ă  70 % des cotisations non versĂ©es

Ă€ partir de 2026-2027, un changement de rĂ©glementation va entrainer le prĂ©lèvement direct des cotisations sur le chiffre d’affaire versĂ© par les plateformes aux micro-entrepreneur·ses. Cette mesure pourrait, paradoxalement augmenter la fraude en poussant les travailleur·ses des plates-formes Ă  chercher des moyens de limiter la perte sur leur salaire net. 

De plus, cette rĂ©forme est incohĂ©rente, car elle ne reconnaĂ®t pas ces travailleur·ses comme des salarié·es, alors qu’ils et elles subissent les mĂŞmes contraintes qu’un·e salarié·e classique, sans en avoir les droits et protections. 

Lutter contre la fraude aux cotisations, c’est financer la sécurité sociale

Les pertes de recettes pour les caisses de la sĂ©curitĂ© sociale engendrĂ©es par la fraude aux cotisations sociales rĂ©vèlent un problème profond de contrĂ´le des employeurs et de complexitĂ© des exonĂ©rations. 

Pour la CGT, il est nécessaire de réformer le système de recouvrement des cotisations sociales pour en finir avec la fraude et garantir l’indépendance de notre modèle social.

En savoir plus

Lire le mémo sécu n°31 : "Quand le patronat dissimule le travail et ne paye pas les cotisations"

Lire le mémo sécu n°31

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