L'Etat contraint EDF à brader sa production au profit de ses concurrents
Depuis 2010 et la loi Nome (Nouvelle Organisation du Marché de l'Énergie), EDF est tenue de vendre une part de l'électricité nucléaire qu'elle produit à ses concurrents.
Ce dispositif a pour nom ARENH (Accès Régulé à l'Electricité Nucléaire Historique).
Tous les fournisseurs d'électricité alternatifs ont le droit d'acheter à bas coût de l'électricité à EDF. La quantité comme le tarif de vente sont fixés par l'Etat.
Cela représentait jusqu'à présent 25 % de la production d'EDF (soit 100 TWh).
Et chaque mégawattheure était vendu par EDF 42 euros à ses concurrents. Suite à la récente décision gouvernementale, ce sont 30 % de la production d'EDF, soit 120 TWh, qu'EDF sera tenue de vendre à ses concurrents au tarif de 46,20 euros le mégawattheure.
Le but affiché ? Que tous les fournisseurs puissent continuer d'alimenter leurs clients et protéger ainsi particuliers et entreprises d'une trop forte hausse des tarifs de l'électricité.
Aujourd'hui, le marché de l'électricité est particulièrement haut.
Sur le marché de gros, le mégawattheure se vend environ à 300 euros, mais les concurrents d'EDF peuvent s'approvisionner à un coût extrêmement bas sans avoir eux-mêmes à supporter le coût de production de cette énergie.
« On organise une fausse concurrence », dénonce Fabrice Coudour, secrétaire général de la FNME-CGT chargé de la politique revendicative.
EDF devra vendre à moindre coût une part plus importante de sa production alors même qu'elle produira moins, car plusieurs centrales sont à l'arrêt après avoir rencontré des problèmes.
« EDF va être obligée d'aller acheter de l'électricité à 300 euros le MWh pour la revendre à 46,20 euros à ses concurrents, qui la revendront à 300 euros ! » s'indigne Fabrice Coudour.
L'entreprise chiffre sa perte à 8 milliards. Son PDG Jean-Bernard Lévy a estimé qu'il s'agissait d'un « véritable choc ».
Par ailleurs, prévient Fabrice Coudour : « cela n'empêchera pas la hausse des prix : rien ne dit que les autres fournisseurs ne vont pas répercuter cette baisse à leurs clients. ».
Le 26 janvier, les salariés d'EDF étaient en grève en réponse à l'appel commun des quatre principaux syndicats du secteur FO, CFE-CGC, CFDT et FNME-CGT.
L'explosion du prix de l'électricité est la conséquence de la libéralisation du marché de l'électricité.
Depuis 20 ans, les prix augmentent. La CGT propose de sortir l'énergie du marché, et de reprendre la maîtrise publique du secteur grâce à son Programme Progressiste de l'Énergie (PPE).
Ce Service Public de l’Énergie serait organisé en fonction des besoins des usagers et non d'intérêts financiers. Il permettrait également de planifier la transition énergétique.