Il faut sortir l’électricité des lois du marché

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Publié le 18 Aoû. 2023
Alors que les besoins en électrification de la France sont croissants, EDF voit son niveau de production, ses résultats financiers et sa capacité d’investir en berne. S’il est facile d’invoquer la conjoncture, la dette d’EDF ne date pas d’hier.
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© ARNAUD ROBIN / DIVERGENCE

Des logiques boursières étrangères au service public de longue date

Les explications, principalement structurelles, sont à mettre en relation avec trois facteurs : 

  • les acquisitions malheureuses à l’étranger engagées sous la responsabilité des dirigeants et gouvernements successifs, qui se sont traduites dans les comptes par 14 milliards d’euros de dépréciations d’actifs, donc d’argent public ;
  • les dividendes indus versés à l’État et aux actionnaires minoritaires dans des périodes où EDF avait besoin d’investir pour l’avenir au lieu « de tenir de vache à lait »
  • l’Accès Régulé à l’Énergie Nucléaire Historique (ARENH), qui oblige EDF à vendre environ 1/3 de son électricité (100 TWh) à un tarif réglementé (42 €/MWh) à ses concurrents, des fournisseurs alternatifs comme Total Energie, qui ne produisent peu ou pas d’électricité. Mais qui en profitent pour spéculer sur les marchés. 

Une crise opérationnelle au plus mauvais moment

La guerre en Ukraine a provoqué d’énormes incertitudes pour la sécurité d’approvisionnement, renchérissant les prix de l’énergie.

En 2022, pour respecter ses engagements tarifaires, et alors que le prix de l’électricité est au plus haut, le gouvernement demande à EDF une livraison exceptionnelle de 20 TWh supplémentaires dans le cadre de l’ARENH+, au tarif de 46,5 €/MWh.

Parallèlement, la production diminue

En cause, un phénomène industriel nouveau et imprévu, détecté à Civaux lors d’une mission de contrôle en octobre 2021, la corrosion sous contrainte.
Celle-ci conduit EDF à stopper la production par mesure de sécurité pour vérifier l’état des fissures puis réparer. En mars dernier, une autre fissure d’ampleur, elle aussi inattendue, a été découverte sur la centrale de Penly 1.

Chaque nouvelle annonce provoque l’incertitude quant à la production d’électricité, entraine la spéculation sur les marchés et renchérit l’électricité.

Pour sauver EDF, l’entreprise doit devenir 100 % publique

Mais cela ne résoudra qu’une partie de la problématique des tarifs. 

« De manière durable, les tarifs doivent refléter les véritables coûts de production et ne pas être soumis aux lois du marché » martèle Virginie Neumayer responsable syndicale au CSE central d’EDF. 

Il faut se mobiliser pour obtenir un véritable secteur public de l’énergie pour retrouver une maîtrise totale des tarifs, l’indépendance énergétique et donc économique pour protéger le pouvoir d’achat des citoyens et les capacités des entreprises du pays. Et arrêter le Stop and Go nucléaire, au profit d’une anticipation à long terme.

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