Éducation nationale : la campagne d'affichage sur la laïcité embourbée dans les préjugés
Sur chacune des huit affiches de la campagne du ministère de l'Éducation nationale, on voit des photographies d'enfants ou d'adolescents en classe, sur un terrain de sport ou à la piscine.
Sous chaque photographie, des légendes indiquent : « Permettre à Milhan et Aliyha de rire des mêmes histoires, c’est ça la laïcité », « Permettre à Sacha et Naissa d’être dans le même bain, c’est ça la laïcité », « Tout faire pour que Imrane, Axelle et Ismael pensent par eux-mêmes, c’est ça la laïcité ».
Ces affiches sont problématiques à plus d'un titre.
Tout d'abord, elles font de dangereux raccourcis sur l'identité supposée des enfants, postulant par exemple que l'on peut deviner leur appartenance religieuse en fonction de leur prénom et de leur couleur de peau.
Les affiches suggèrent ainsi que certaines religions posent un problème à la communauté scolaire.
L'association La Vigie de la Laïcité dénonce ainsi le fait que « ces affiches entretiennent une lourde ambiguïté : implicitement, est diffusée l'idée que la laïcité concernerait en premier lieu les personnes issues de l'immigration »
Il s'agirait dans cette logique de gommer toute particularité, comme en témoigne l'emploi récurrent du mot « même ».
C'est « une vision de la laïcité plus que problématique », dénonce Nathalie Verdeil, responsable confédérale, rappelant que « la laïcité, c'est la liberté de conscience, la liberté de pratiquer une religion ».
Alors que l'école doit favoriser une réelle égalité entre tous les enfants, cette campagne stigmatise certains d'entre eux.
L'école est un lieu essentiel du vivre ensemble. Elle doit à ce titre, comme tous les services publics, bénéficier d'investissements massifs et de nombreuses créations d'emplois.