À Villeurbanne, les agent·es font grève et gagnent !

Temps de lecture : 4 min.
Publié le 19 fév. 2024
Après une journée de mobilisation des agent·es de la ville le 23 janvier dernier, la municipalité est revenue sur sa décision de supprimer 8 postes d’Atsem en 2024… Et ce n’est qu’un début !
Imagette
Rassemblement pour les Atsem de Villeurbanne, 23 janvier 2024

Atsem, un métier à prédominance féminine

Rouages essentiels de l’éducation des jeunes enfants, les agent·es teritoriaux·les spécialisé·es des écoles maternelles (Atsem) œuvrent chaque jour dans des conditions parfois difficiles pour offrir un accueil de qualité dans les petites, moyennes et grandes sections. 

Pourtant, comme nombre de métiers à prédominance féminine, cette profession est dévalorisée, malgré l’importance qu’elle revêt. 

Pire encore : bien souvent, les métiers du soin et du lien sont les premiers postes à pâtir des politiques d’économies – au détriment des usager·es et des agent·es.

C’est ce qui s’est passé à Villeurbanne, dans le Rhône. Dans son budget 2024, la mairie prévoyait la suppression de 8 postes de remplaçant·es d’Atsem

Traduction : plus d’enfants par Atsem en cas d’arrêt maladie, et donc des conditions de travail dégradées.

Rassemblé·es pour de meilleures conditions de travail et un accueil des enfants de qualité

Pour défendre les agent·es et la qualité du service public, le syndicat CGT des agent·es municipaux·les de Villeurbanne a donc déposé un préavis le 16 janvier 2024 pour une journée de grève le 23 janvier. 

Les autres organisations syndicales lui ont emboîté le pas avec un dépôt de préavis le 19 janvier.

Les revendications portées par la CGT étaient les suivantes :

  • annulation de la suppression des 8 postes d’Atsem remplaçant·es (revendication également portée par les trois autres organisations syndicales) ;
  • repenser l’organisation des remplacements d’Atsem pour que cessent les bricolages constants qui épuisent les agent·es ;
  • ouverture de négociations sur la reconnaissance de la pénibilité ;
  • augmentation du temps de repas/pause (en lien avec le passage à une semaine de quatre jours, augmentant de fait la durée des journées de travail) ;
  • un plan de lutte contre l’usure professionnelle ;
  • un plan de réparation des préjudices causés par l’usure professionnelle.

 

Faute d’engagement de la municipalité lors de la rencontre faisant suite au dépôt du préavis, la grève a été maintenue et un rassemblement s’est tenu le 23 janvier devant l’Hôtel de ville de Villeurbanne.

 

 

Une première victoire…

Enseigant·es, agent·es territoriaux·les, parents d’élèves… plus de 180 personnes étaient réunies sur la place des bassins de midi à 14 heures pour soutenir les légitimes revendications des agent·es. 

Les résultats ont été immédiats : à l’issue de cette action, une délégation a été reçue le jour même par la municipalité, et un temps d’échanges a été organisé avec les quatre organisations syndicales des territoriaux·les de Villeurbanne pour qu’elles puissent avancer des propositions.

À l’issue de ces rencontres, la collectivité s’est engagée à :

  • rétablir le niveau de l’enveloppe de remplacement de la direction de l’éducation (plus 8 Atsem contractuel·les) ;
  • organiser un temps de rencontre entre les Atsem et les élu·es de la ville lors de la première semaine des vacances scolaires de février ;
  • organiser un temps de concertation avec les Atsem sur les conditions de travail lors de la première semaine des vacances scolaire du printemps ;
  • traiter, dans le cadre de l’élaboration de la charte d’accueil du jeune enfant, une augmentation du temps de pause des Atsem et une redéfinition des modalités de remplacement, et porter ces améliorations des conditions de travail des agent·es auprès de l’Éducation nationale.


… mais la lutte continue

Le premier point de ces engagements a immédiatement été mis en application : déjà 3 Atsem de remplacement ont été recruté·es sur les 8 prévu·es

Néanmoins, le manque de garanties concrètes sur les autres points et les délais de réalisation ne permettent pas d’effacer les inquiétudes des agent·es des écoles maternelles, représenté·es par la CGT, quant aux conditions d’accueil du jeune enfant et à leurs conditions de travail.

Dans un communiqué daté du 31 janvier dernier, le syndicat CGT des agent·es de Villeurbanne insiste sur trois points en particulier :

  • la mise en place immédiate d’un protocole de remplacement équitable et identique pour chaque école afin de garantir une continuité pédagogique de qualité – les agent·es ne pouvant matériellement attendre la rentrée 2024 pour ce faire ;
  • le respect de la charte des Atsem quant au nombre d’enfants encadré·es, c’est-à-dire un·e adulte pour dix enfants, et non un·e pour dix-sept comme c’est le cas actuellement à cause d’un manque d’animateur·ices pour accompagner les repas ;
  • la mise en place immédiate d’un groupe de travail enseignant·es-direction de l’éducation pour l’allongement du temps de pause de travail de 35 à 50 minutes, comme c’est le cas au service de la petite enfance (crèches).

Afin de maintenir la pression et obtenir un rapport de force favorable pour l’obtention de réelles garanties sur leurs conditions de travail et un accueil de qualité, les agent·es et leur syndicat CGT, avec le soutien de nombre d’enseignant·es et de parents, ouvriront un nouveau préavis sur ces revendications.

Sur le même thème

Actualité

80 milliards d’euros pour les métiers du soin et du lien

Lire la suite
dossier

8 mars : grève féministe

Lire la suite
Actualité

Le droit syndical en danger à la mairie de Chabeuil

Lire la suite