Fermetures programmées à la SEITA : "Tout pour la SCOP"
Ce PSE concerne le dernier site industriel de production de tabac de France ainsi que le seul centre de contrôle et d'analyse des produits du tabac de France situé à Fleury-les-Aubrais, près d'Orléans. Le site de Riom (63) emploie 239 personnes et le laboratoire de contrôle et d’analyse de Fleury-les-Aubrais doit fermer en 2018. Au total, 339 salariés sont concernés. Interviewé en mars dernier Julien Pauliac, secrétaire général de l''UD CGT 63 répondait à nos questions.
Depuis quelques semaines, la fermeture semble inévitable. Pourtant les salariés et le cabinet Progexa ont monté un projet industriel de reprise du site en SCOP, avec 180 des 239 emplois sauvés. Le projet ne sera viable et la sauvegarde des emplois ne sera pérenne qu’à la condition expresse que SEITA cède ses machines et équipements aux salariés repreneurs pour 1 € symbolique et qu'Imperial Brands fournisse la charge de travail en sous traitance à la SCOP pendant 3 à 4 ans.
L’objectif de la SCOP n’est pas de concurrencer SEITA sur ses marchés mais de réussir la conversion de l’activité vers des produits innovants et de fabriquer des cigarettes de marque propre et des dosettes (activité que SEITA avait prévu d'abandonner) à partir de tabacs d’origine française, non expansés. "Il faut absolument garder la main sur la production et la culture du tabac, très réglementées en France. Les pieds de tabacs, s'ils sont mal produits, peuvent présenter encore plus de toxicité. De même pour la production, si elle n'est pas contrôlée nationalement, les multinationales pourront y injecter tous les agents de saveurs, facilitant la dépendance, base de leur business", explique Sylvain Le Noc de l'UD CGT 63.
Des discussions sont en cours en vue d’aboutir à un partenariat avec des acteurs de la filière tabac, transformant le tabac en produits innovants (hors cigarettes et tabacs à rouler), qui recherchent des capacités de production en France.
Imperial est par ailleurs sous le coup d’un redressement fiscal de 288 millions d’euros. Les pouvoirs publics devraient ainsi aisément obtenir qu’ils cèdent des locaux valant 8 M€. Par ailleurs, des députés et candidats ont travaillé avec des représentants de la filière sur une résolution visant à créer une commission d’enquête à l’Assemblée Nationale sur le scandale financier Imperial et les conséquences potentielles sur la santé publique. Les révélations d’une telle commission seraient susceptibles d’aider les acteurs de la filière à faire sauter les verrous.
Qu'est-ce qu'une SCOP ?
La SCOP est une société coopérative de forme SA,SARL ou SAS dont les salariés sont les associés majoritaires.
• Dans une SCOP les salariés détiennent au moins 51% du capital social et 65% des droits de vote.
Si tous les salariés ne sont pas associés, ils ont vocation à le devenir.
• Dans une SCOP il y a un dirigeant comme dans n’importe quelle entreprise. Mais celui-ci est élu
par les salariés associés.
• Dans une SCOP, le partage du profit est équitable, il se fait en trois parts :
– une part pour tous les salariés sous forme de participation et d’intéressement,
– une part pour les salariés associés sous forme de dividendes
– une part pour les réserves de l’entreprise (elles servent à contribuer au développement de l’entreprise, à consolider les fonds propres et à assurer la pérennité de l’entreprise.
• Les coopérateurs sont rémunérés de leur travail et de leur apport en capital, mais à leur départ celui-ci leur est remboursé sans plus-value (car la SCOP n’entre pas dans une logique financière).