Santé au travail au coeur de la santé publique
Extrait de l'article
Pour comprendre d’où vient la Sécurité sociale
Les autorités politiques et militaires s’émeuvent de constater que les jeunes recrues, sitôt descendues des bateaux, s’écroulent, se montrant physiquement incapables de porter les lourds fusils et d’encaisser les conditions de vies rudes imposées par des campagnes
de conquêtes coloniales dans des contrées étrangères. Par ailleurs, la classe dirigeante s’inquiète de l’apparition d’une paupérisation, accompagnant les débuts d’une société industrielle, redoutant les excès qui perturbent le bon fonctionnement du marché et provoquent des crises. Ces inquiétudes prendront d’ailleurs corps dans de violentes révoltes, dont celle des « Canuts » lyonnais est encore dans les mémoires.
Le docteur Louis René Villermé (1782 – 1863), chirurgien des armées napoléoniennes (« licencié » en 1818, sous la Restauration), se voit chargé, en 1837, alors qu’il est élu à « l’Académie des sciences
morales » (membre de la section statistique) au moment de la réhabilitation de celle-ci par Guizot (1832), de mener une enquête sur « l’état physique et moral de la classe ouvrière ». Il limite son champ
d’étude à l’industrie textile, laquelle connaissait de profondes mutations compte tenu de l’introduction de la mécanisation, et reçoit de confortables subsides pour mener ce travail.
Villermé va donc se livrer à des études très précises et documentées sur les conditions de travail, de vie (dont le logement et la nourriture) et de transport des ouvriers.
Digne représentant de l’école médicale française, Villermé n’est pas un opposant. Il fait le constat que les entrepreneurs épuisent le capital humain dont ils tirent le profit. Il ne s’agit cependant pas pour lui de remettre en question les principes du système économique et social libéral, mais de « s’attaquer aux excès, aux abus, qui affaiblissent son fonctionnement et en compromettent l’avenir ».
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